Maghreb: le gouvernement français totalement divisé sur le cas de ce pays

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Les tensions franco-algériennes s’enracinent dans une histoire complexe, marquée par la décolonisation douloureuse et des relations diplomatiques fluctuantes. Récemment, deux points de friction majeurs ont ravivé les désaccords : la question des expulsions d’Algériens en situation irrégulière sur le territoire français, particulièrement après l’attentat de Mulhouse perpétré par un ressortissant algérien sous OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français), et l’incarcération de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal en Algérie depuis novembre 2024. Ces tensions illustrent la fragilité persistante des relations bilatérales, régulièrement perturbées par des questions mémorielles, migratoires et sécuritaires, malgré les tentatives répétées de rapprochement.

Dissonances au sommet de l’État sur l’accord de 1968

La gestion des relations franco-algériennes révèle une profonde division au sein du gouvernement français. D’un côté, le Premier ministre François Bayrou a adopté une position ferme concernant l’accord franco-algérien de 1968, qui accorde aux ressortissants algériens des conditions spécifiques d’entrée et de séjour en France. Suite à l’attentat de Mulhouse, il a clairement affirmé que « si l’accord n’est pas respecté, l’accord sera dénoncé », signalant une possible remise en cause de ce dispositif bilatéral.

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Cette position semble partagée par Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, qui qualifie l’accord de « daté et déséquilibré » et préconise son réexamen complet. Le ministre pousse pour un durcissement du « rapport de force » avec Alger, notamment sur la question des expulsions.

Emmanuel Macron, quant à lui, désavoue publiquement cette approche. Dans un entretien accordé au Figaro, le président de la République recadre son gouvernement en rappelant que « l’accord de 1968, c’est le président de la République », signifiant clairement que cette prérogative relève de son domaine réservé et non de celui du Premier ministre ou du ministre de l’Intérieur.

Une stratégie présidentielle distinctive face aux crispations

Face aux tensions, le chef de l’État défend une ligne différente de celle prônée par son gouvernement. Tout en reconnaissant que « la sécurité des Français est au-dessus de tout » et que l’attentat de Mulhouse constitue « un vrai cas de dysfonctionnement », Emmanuel Macron privilégie « un dialogue exigeant et respectueux » avec l’Algérie.

Cette approche présidentielle s’articule autour de deux exigences principales : d’une part, que « tous les gens identifiés comme dangereux soient repris », faisant référence aux ressortissants algériens sous OQTF que la France souhaite expulser; d’autre part, que « l’Algérie prenne ses responsabilités sur la situation de Boualem Sansal », écrivain franco-algérien emprisonné depuis novembre en Algérie.

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Contrairement à la stratégie de confrontation suggérée par certains membres du gouvernement, le président insiste sur une méthode collaborative, estimant que « c’est ensemble que l’on peut faire des choses intelligentes ». Cette divergence d’approche met en lumière un désalignement stratégique au plus haut niveau de l’État français concernant la gestion des relations avec Alger, alors même que les relations diplomatiques continuent de se dégrader entre les deux pays.

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