Le secteur automobile s’impose depuis plusieurs années comme un levier stratégique pour les économies maghrébines. Le Maroc a pris une longueur d’avance en devenant un hub d’assemblage et d’exportation reconnu, grâce à l’implantation de géants comme Renault et Stellantis. La Tunisie, quant à elle, s’est positionnée dans la fabrication de composants, capitalisant sur son tissu de PME industrielles. L’Algérie, longtemps en retrait, cherche désormais à combler ce retard par une approche résolument tournée vers l’intégration locale, la formation de compétences et le transfert technologique. Cette dynamique régionale n’est pas seulement une réponse aux ambitions industrielles : elle traduit aussi une volonté de mieux contrôler les chaînes de valeur, de créer des emplois qualifiés et de réduire la dépendance aux importations dans un contexte mondial de perturbations logistiques.
Un partenariat technique au service de l’autonomie industrielle
C’est dans cet élan que s’inscrit le nouveau partenariat entre le groupe italien Siget et la société algérienne Sibplast, filiale de l’Entreprise nationale des plastiques et caoutchoucs (ENPC). Ensemble, ils ont formé un Groupement d’intérêt économique (GIE) dédié à la production de composants automobiles en plastique et en caoutchouc. Leur objectif est clair : fournir les usines de montage algériennes tout en réduisant la dépendance du pays aux fournisseurs étrangers. Une ambition que les responsables du projet traduisent par une approche intégrée : les équipements industriels seront progressivement adaptés aux standards internationaux, et des programmes de formation sont déjà prévus pour les techniciens algériens.
Au cœur de cette collaboration, un échange d’expertises stratégiques : Siget apporte son savoir-faire dans la conception et l’industrialisation de pièces complexes, tandis que la partie algérienne prend en charge la logistique, la main-d’œuvre et l’opérationnalisation locale. L’objectif n’est pas seulement de produire, mais de maîtriser les technologies liées à la transformation des matériaux techniques. Un défi qui, s’il est relevé, permettrait à l’Algérie de poser les jalons d’un véritable tissu industriel automobile.
Sétif, futur pôle des composants automobiles algériens
La zone industrielle de Sétif a été retenue pour accueillir ce projet ambitieux. Située à un carrefour stratégique, elle offre des infrastructures propices au développement d’une filière industrielle de sous-traitance. Là où auparavant les pièces techniques arrivaient en conteneurs depuis l’Asie ou l’Europe, elles pourraient bientôt sortir des chaînes locales, prêtes à alimenter les lignes de montage de Tiaret, Relizane ou Oran.
Ce projet ne se limite pas à une simple coopération bilatérale. Il traduit une volonté algérienne de renforcer le taux d’intégration locale dans l’automobile et de stimuler un écosystème industriel encore embryonnaire. En favorisant l’émergence de compétences nationales et en structurant une chaîne d’approvisionnement endogène, ce GIE devient un levier pour réduire le déficit commercial, améliorer la balance des paiements et offrir des débouchés durables à la jeunesse algérienne formée aux métiers de l’industrie.
Vers une souveraineté industrielle plus affirmée
Cette alliance entre Siget et Sibplast illustre une orientation stratégique plus large des pays du Maghreb : celle d’ancrer la valeur ajoutée sur leur territoire en mobilisant des partenariats ciblés. Dans un contexte international marqué par les tensions sur les matières premières, les délais de livraison allongés et l’impératif écologique, la relocalisation industrielle n’est plus une option, mais une nécessité.
L’Algérie, en engageant ce partenariat avec l’Italie, démontre qu’elle est prête à jouer un rôle plus actif dans la recomposition régionale de l’industrie automobile. Au lieu d’être un simple marché de consommation, elle ambitionne de devenir un maillon productif et innovant de la chaîne. Ce tournant, s’il se confirme, pourrait faire de l’Algérie un partenaire industriel crédible au sein du Maghreb, tout en renforçant les synergies économiques entre les deux rives de la Méditerranée.
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