Invité de l’émission « De vous à nous » sur Peace FM, ce dimanche 25 mai, Anselme Amoussou, secrétaire général de la Confédération des syndicats autonomes du Bénin (CSA-Bénin), a livré une analyse critique du fonctionnement du dialogue social au Bénin. Pour ce syndicaliste de longue date, la mécanique de concertation entre le gouvernement et les partenaires sociaux est désormais à l’arrêt.
Anselme Amoussou ne mâche pas ses mots : « Le dialogue social est en panne », affirme-t-il d’entrée, avant de préciser : « Il est en panne et, en fait, c’est progressif dans le mauvais sens. Ce qui est un peu la vitrine du dialogue social dans notre pays, qui est la grande commission des négociations gouvernement-syndicat ne fonctionne pas. » Pour lui, l’organe censé incarner la négociation bipartite entre l’État et les partenaires sociaux ne remplit plus sa mission.
Selon ses propos, les sessions de la grande commission de négociation ne sont plus régulièrement organisées : « Les sessions ne sont pas tenues, normalement. (…) Vous ne vous réunissez que quand eux décident de vous réunir. Ce n’est pas ça le dialogue social. » Anselme Amoussou pointe du doigt une absence de volonté politique : « Ceux qui la dirigent n’ont aucune volonté de la faire fonctionner. »
Les demandes d’organisation de sessions sur des sujets urgents restent sans suite, et lorsqu’une réunion a lieu, elle se caractérise par un vide de contenu. « Le pire, c’est que c’est le contenu des sessions. C’est un vide abyssal. (…) La commission de négociation du gouvernement central (…) ne produit aucun résultat. » Il évoque même l’ennui ressenti par les représentants du patronat siégeant également à la commission : « Ils vous disent qu’ils s’ennuient, ils ne savent pas pourquoi ils viennent. »
Le syndicaliste regrette que les suggestions faites pour réévaluer et relancer la dynamique de la commission soient ignorées : « Nous avons à maintes reprises attiré l’attention de ceux qui dirigent la commission sur la nécessité (…) de faire une évaluation de notre commission (…) pour voir ce qu’on peut apporter comme amélioration. (…) À la date d’aujourd’hui, on n’a eu aucune réponse. »
Anselme Amoussou s’en prend également à l’administration du travail, jugée peu proactive : « Vous avez une administration du travail qui ne prend pas d’initiative, qui n’est pas dans la proximité et dans la réactivité pour régler un certain nombre de problèmes, et tout pourrit. » Il fustige également le caractère purement formel des rares rencontres : « On va faire le folklore des négociations, du dialogue social. (…) C’est un folklore rien que pour la presse. »
Un autre exemple cité est celui du 1er mai dernier, où la traditionnelle remise des cahiers de doléances n’a pas eu lieu : « Cette année, le ministre du travail a choisi de ne pas l’organiser (…) et d’aller faire un monologue à la télévision. » Pour Anselme Amoussou, ce choix traduit un désengagement profond du gouvernement vis-à-vis du dialogue social. Au final, son constat est sans appel : « Le dialogue social, je crois qu’il est complètement mort au Bénin actuellement. » Il alerte sur l’accumulation de frustrations : « Vous les comprimez, vous les comprimez. Il arrivera un jour que vous ne pourrez pas les contenir. »
Laisser un commentaire