Depuis des décennies, les pays de la péninsule arabique affrontent des étés où le mercure tutoie régulièrement les sommets. Climatisation omniprésente, infrastructures adaptées à la chaleur, restrictions d’activités en plein air pendant les heures les plus chaudes : tout un arsenal de mesures a été mis en place pour limiter l’impact de ces conditions extrêmes sur les populations et les infrastructures. Aux Émirats arabes unis, par exemple, les ouvriers de la construction bénéficient chaque été d’une interdiction de travail en extérieur à la mi-journée. Des centres de rafraîchissement publics sont également déployés dans les grandes villes pour soutenir les personnes sans accès facile à la climatisation. Mais malgré ces adaptations, la hausse continue des températures commence à atteindre des niveaux qui remettent en question l’efficacité de ces dispositifs.
Un mois de mai sous tension thermique
Le seuil symbolique des 50 degrés Celsius a été franchi ce 23 mai dans l’émirat de Sweihan, avec un pic de 50,4°C enregistré selon le Centre national de météorologie (NCM). Il s’agit là d’un niveau jamais atteint en mai depuis le début des relevés en 2003. Le précédent record, établi en 2009, s’élevait à 50,2°C. Cette intensité thermique en début de saison estivale interpelle, d’autant qu’elle s’inscrit dans une tendance marquée d’avancées précoces des grandes chaleurs dans la région. Dans un pays déjà habitué à des étés abrasifs, voir de telles températures dès le mois de mai laisse présager une saison particulièrement éprouvante.
Au-delà du record, des conséquences concrètes
Ce pic de chaleur ne constitue pas qu’un fait météorologique isolé. Il met sous pression les réseaux électriques, qui doivent répondre à une demande accrue en climatisation, et fragilise les systèmes de santé. Les travailleurs en extérieur, en particulier dans les secteurs du bâtiment et de la voirie, se retrouvent exposés à des risques accrus de déshydratation, d’épuisement thermique, voire de coups de chaleur. Le monde agricole, bien que limité aux Émirats, pourrait également subir les effets de cette surchauffe sur les rendements des rares cultures pratiquées localement. Enfin, ce niveau de chaleur ravive les débats sur l’habitabilité à long terme de certaines zones du Golfe, en particulier si cette fréquence de pics thermiques devait devenir la norme.
Alors que le mois de juin approche, les autorités émiraties s’attendent à d’autres épisodes similaires. Le seuil atteint pourrait marquer le début d’un été plus rude encore que les précédents, renforçant la nécessité de revoir les modèles de vie urbaine et les politiques d’adaptation face aux extrêmes climatiques croissants.
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