Depuis le lancement de SpaceX en 2002, Elon Musk a fait de la conquête spatiale bien plus qu’un simple rêve d’ingénieur. Avec l’objectif affiché de permettre à l’humanité de devenir multiplanétaire, il a multiplié les projets technologiques audacieux, allant de la desserte régulière de la Station spatiale internationale à l’envoi de satellites en orbite pour constituer la constellation Starlink. Mais c’est surtout Starship, cette mégafusée conçue pour transporter des humains et du matériel vers la Lune puis Mars, qui incarne l’ambition suprême de l’entrepreneur. Imposant par sa taille et sa puissance, le lanceur a été imaginé pour dépasser les performances du mythique Saturn V d’Apollo. Cependant, cette aventure se heurte à la complexité extrême des vols orbitaux, où l’innovation se mesure souvent au nombre d’échecs.
Deux explosions et une reprise sous conditions
Le projet Starship a connu un début d’année difficile. Lors des deux derniers essais, bien que le premier étage de la fusée ait réussi un retour spectaculaire sur Terre, capté avec précision par des bras mécaniques, la suite du vol s’est soldée par des explosions en plein ciel. Ces incidents ont entraîné une suspension immédiate des tests par l’Administration fédérale de l’aviation (FAA), qui a exigé des enquêtes détaillées pour identifier les failles techniques. La suspension n’a toutefois pas enterré le projet. Ce jeudi, après analyse des causes et des modifications apportées, la FAA a donné son feu vert pour une nouvelle tentative.
L’entreprise d’Elon Musk a rapidement annoncé qu’un neuvième vol d’essai était prévu à partir du mardi 27 mai, depuis son site de Boca Chica, au Texas. L’horaire avancé, 18h30 locales, correspond à 23h30 GMT. Cette échéance place SpaceX face à une forme d’ultimatum : l’échec d’un troisième essai pourrait fragiliser la confiance des régulateurs comme des partenaires institutionnels, y compris la NASA, qui mise sur Starship pour ses futures missions lunaires.
Le poids de la démonstration technique
La singularité de SpaceX réside dans sa capacité à repousser les limites du possible, y compris dans la récupération des éléments de ses fusées. Le retour contrôlé du premier étage, digne d’une chorégraphie millimétrée, montre un degré de maîtrise unique dans le secteur spatial. Mais cette prouesse est entachée par la défaillance persistante de l’étage supérieur. Chaque explosion en vol rappelle la complexité d’un engin censé transporter un jour des astronautes sur des centaines de milliers de kilomètres.
Ce neuvième vol s’annonce donc comme un moment charnière. Plus qu’un simple test, il symbolise une tentative de réaffirmer la viabilité d’un programme dont les enjeux vont bien au-delà de la performance technique : crédibilité face aux agences spatiales, rentabilité d’un modèle économique fondé sur la réutilisabilité, et légitimité d’une vision du futur portée par une entreprise privée.
Alors que SpaceX joue son prochain coup, la frontière entre le succès technologique et l’erreur critique n’a jamais été aussi étroite. Le sort de Starship, pour l’instant suspendu à l’issue de ce tir décisif, reste l’illustration brute du prix à payer pour viser les étoiles.
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