Le SelectUSA Investment Summit, organisé chaque année par le département américain du Commerce, constitue l’un des principaux rendez-vous mondiaux en matière de promotion des investissements aux États-Unis. À travers des rencontres entre responsables politiques, investisseurs étrangers et représentants d’agences fédérales ou étatiques, cet événement vise à renforcer l’attractivité économique du marché américain, estimé à quelque 25 000 milliards de dollars. Pour les pays participants, il offre une occasion directe d’explorer les opportunités d’implantation ou de partenariat dans un cadre structuré, avec des dizaines de conférences sectorielles, des forums spécialisés et des milliers de rendez-vous d’affaires. L’édition 2025, qui s’est tenue du 10 au 14 mai dans le Maryland, a vu la participation de nombreuses délégations issues d’Afrique, d’Asie et d’Europe, venues chercher un accès plus fluide au marché nord-américain.
L’Algérie en quête de nouveaux équilibres économiques
L’Algérie entend tirer parti de cette vitrine internationale pour repositionner son économie dans une dynamique d’ouverture et de diversification. Face à une dépendance persistante aux hydrocarbures – qui représentent près de 95 % des exportations vers les États-Unis – les autorités économiques algériennes tentent de renforcer les investissements étrangers directs (IDE) en dehors du secteur énergétique. Avec environ 6 milliards de dollars d’investissements américains à ce jour, largement concentrés sur le gaz et le pétrole, le potentiel de croissance dans d’autres domaines reste sous-exploité.
C’est dans cette optique qu’une délégation composée de 35 chefs d’entreprises algériens s’est déplacée aux États-Unis. Dirigée par Kamel Moula, président du Conseil du renouveau économique algérien (CREA), cette mission regroupe des entreprises dont le chiffre d’affaires cumulé dépasse les 8 milliards de dollars. Elle cible des secteurs stratégiques représentant près des deux tiers du produit intérieur brut algérien, estimé à 278,7 milliards de dollars. L’objectif : capter de nouveaux financements et établir des coopérations industrielles ou technologiques avec des entreprises américaines, notamment à travers plus de 200 rencontres B2B et un forum spécifique avec le Conseil d’affaires algéro-américain (USA-BC), qui rassemble 75 groupes des deux pays.
Diversification commerciale et volonté d’équilibrer les partenariats
L’enjeu dépasse la simple conquête de parts de marché : il s’agit pour Alger d’ajuster son positionnement économique à l’échelle internationale. Aujourd’hui, l’Union européenne absorbe la majorité des échanges commerciaux algériens, une configuration que les autorités souhaitent faire évoluer. L’ouverture à d’autres pôles économiques, notamment nord-américain et asiatique, est perçue comme un levier pour atténuer les effets de dépendance vis-à-vis de partenaires historiques.
En 2024, la balance commerciale avec les États-Unis affiche un excédent de 300 millions de dollars en faveur de l’Algérie, les exportations atteignant 2,1 milliards de dollars contre 1,8 milliard d’importations. Ce chiffre masque toutefois une forte concentration sectorielle et souligne la nécessité de diversifier les produits proposés. En se positionnant sur de nouveaux créneaux, l’Algérie espère attirer une part plus substantielle des flux d’investissements mondiaux. Le sommet SelectUSA offre ainsi une plateforme concrète pour tester l’attractivité réelle de l’offre algérienne au-delà du secteur énergétique.
La démarche de cette délégation témoigne d’une volonté affirmée de rééquilibrer les liens économiques traditionnels et de capter l’intérêt d’acteurs industriels plus variés. Il reste à voir si les échanges initiés à Maryland permettront d’ancrer durablement des projets communs et de stimuler une transformation du tissu productif local.
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