Pendant que de nombreux pays africains cherchent encore le bon levier pour éradiquer la pauvreté, certains territoires parviennent à faire reculer de manière tangible ce fléau multiforme. Depuis plusieurs décennies, les stratégies se multiplient sur le continent : programmes de transferts monétaires, développement de l’agriculture familiale, investissement dans les infrastructures de base, éducation universelle, ou encore promotion de l’économie informelle. L’enjeu est de répondre à une pauvreté qui ne se mesure pas seulement en termes de revenus, mais qui touche aussi l’accès à la santé, à l’eau potable, à l’électricité ou encore à l’éducation. Dans ce contexte complexe, le Maroc émerge comme un exemple révélateur, en parvenant à réduire significativement la pauvreté multidimensionnelle dans la majorité de ses provinces entre 2014 et 2024.
Des progrès visibles dans les provinces les plus vulnérables
Selon les données du Haut-Commissariat au Plan (HCP), la pauvreté multidimensionnelle a considérablement reculé dans plusieurs provinces marocaines au cours de la dernière décennie, avec des baisses parfois à deux chiffres dans les zones les plus vulnérables. À Midelt, par exemple, le taux a chuté de 11,5 points de pourcentage, tandis qu’à Chefchaouen et Fahs-Anjra, il a diminué respectivement de 12,4 points. Dans le sud, la province d’Assa-Zag enregistre une baisse notable de 10,9 points, presque équivalente à celle de Guercif, qui s’établit à -10,3 points. Le recul est encore plus prononcé à Chichaoua (-14,8 points) et Essaouira (-13,8 points), deux provinces longtemps confrontées à un accès limité aux services sociaux. Figuig, à l’extrême est du pays, affiche une diminution de 12,5 points, tandis que Youssoufia atteint une baisse de 11,8 points. Al Haouz, avec un recul de 11 points, et enfin Azilal, en tête du classement avec -16,7 points, complètent ce tableau d’amélioration marquée. Ces données traduisent une transformation en profondeur du paysage social dans des régions historiquement marginalisées, portée par une combinaison d’interventions ciblées et d’investissements structurants.
Un recul global, mais des contrastes persistants
Même si la tendance est clairement à la baisse, la carte de la pauvreté au Maroc continue de révéler d’importants contrastes territoriaux. Le recul généralisé observé entre 2014 et 2024 ne masque pas pour autant les disparités persistantes entre provinces. Comme un tissu que l’on consolide par endroits alors que d’autres zones restent fragiles, certaines régions demeurent en situation de vulnérabilité. Ce décalage souligne que les dynamiques de développement social ne sont pas homogènes et avancent parfois à des vitesses différentes selon les contextes. À Figuig, par exemple, malgré une baisse de 12,5 points, des défis structurels subsistent. Le même constat peut s’appliquer à Chichaoua (-14,8), ou encore à Chefchaouen (-12,4), où l’accès aux services de base reste inégal. D’autres provinces comme Guercif (-10,3), Al Haouz (-11), et Midelt (-11,5) affichent des progrès mesurables, mais la consolidation de ces acquis nécessitera une action soutenue. Ces écarts rappellent l’importance de concevoir des politiques qui tiennent compte des réalités propres à chaque territoire, qu’elles soient économiques, géographiques ou sociales, afin de ne laisser aucune région à la traîne.
Une évolution à suivre dans la durée
La baisse de la pauvreté multidimensionnelle constatée au Maroc entre 2014 et 2024 constitue un indicateur important de changement. Elle témoigne de transformations sociales et économiques qui méritent d’être analysées de manière continue. Ces résultats soulèvent aussi des questions sur la durabilité des progrès enregistrés, sur la résilience des politiques sociales mises en place, et sur les leviers les plus efficaces à long terme.
Dans un contexte régional où les défis restent nombreux, observer l’évolution des indicateurs dans les années à venir permettra de mieux comprendre les dynamiques en cours et les ajustements potentiels à envisager.
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