Le Maghreb connaît depuis plusieurs années un essor notable des projets d’envergure, répondant aux besoins croissants en infrastructures et en énergies renouvelables. Loin d’être une exception, le Maroc poursuit sa stratégie ambitieuse en matière de développement énergétique, avec de nombreux projets issus de partenariats public-privé. Ces initiatives, souvent menées avec des acteurs internationaux, visent à renforcer l’indépendance énergétique de la région tout en intégrant progressivement des énergies moins polluantes dans les systèmes de production.
Un des projets les plus significatifs dans cette dynamique est la construction de deux nouvelles centrales à gaz à Tahaddart, près de Tanger. Ce projet, fruit d’un partenariat entre l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE) et le consortium maroco-émirati Taqa-Nareva-FM6I, représente un investissement d’environ 1 milliard de dollars. La première phase de ce mégaprojet prévoit la construction de deux unités additionnelles, Tahaddart II et III, qui viendront augmenter la capacité de production de 1.100 mégawatts (MW), portant ainsi la puissance totale du complexe thermique à 1.500 MW d’ici 2028-2029.
La centrale actuelle de Tahaddart, en fonctionnement depuis 2005, a toujours fonctionné selon un modèle de partenariat public-privé (PPP). L’extension du complexe avec ces nouvelles unités témoigne de la volonté de moderniser et de renforcer cette infrastructure stratégique. À l’heure actuelle, la centrale opère avec une capacité de 400 MW grâce à son fonctionnement avec du gaz naturel, fourni par le Gazoduc Maghreb-Europe (GME). Le choix du site, situé à 30 kilomètres au sud de Tanger, n’est pas anodin, car il profite à la fois de la proximité du gazoduc et d’une forte demande en électricité dans cette région en pleine expansion économique.
Ce partenariat maroco-émirati constitue un tournant pour la centrale de Tahaddart, qui voit son modèle d’exploitation évoluer. Le consortium Taqa-Nareva-FM6I prendra en charge le financement et l’exploitation des nouvelles unités, avec un objectif majeur : répondre à la demande croissante en électricité au Maroc, tout en réduisant l’usage du fioul et en optimisant la réactivité du réseau aux besoins énergétiques. Cette décision s’inscrit dans un contexte de croissance soutenue de la consommation électrique, qui a progressé de plus de 4% par an entre 2010 et 2024.
Ces nouvelles centrales fonctionnant au gaz naturel, un combustible de transition, viendront renforcer l’intégration des énergies renouvelables en assurant une production plus flexible, capable de s’adapter aux fluctuations de la production d’énergie verte. En effet, les centrales à cycle combiné gaz, comme celles de Tahaddart, sont particulièrement efficaces pour ajuster rapidement la production d’électricité en fonction des besoins du réseau, tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre par rapport aux centrales fonctionnant au charbon ou au fioul.
Ainsi, avec ce mégaprojet, le Maroc s’affirme non seulement comme un acteur clé de la transition énergétique dans la région, mais également comme un modèle pour d’autres pays du Maghreb en matière de partenariats stratégiques et d’innovations technologiques dans le secteur énergétique.
Laisser un commentaire