Sénégal : Campagne inédite et fin de grâce pour les motos

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Dakar et les grandes villes sénégalaises vivent depuis plusieurs années au rythme des moteurs deux-temps. Si les motos Jakarta ont apporté une solution pratique aux embouteillages et à la saturation des transports publics, elles sont aussi devenues synonymes de désordre, d’insécurité et de criminalité urbaine. Les agressions à l’arrachée, les accidents mortels, les fuites après délit, autant de faits divers dont les auteurs circulent souvent sans plaque, sans permis et sans traçabilité. Dans ce contexte, l’État a entrepris de mettre de l’ordre dans la circulation de ces engins à deux roues, en lançant en début d’année une campagne nationale d’immatriculation.

Une opération aux résultats spectaculaires

Durant les cinq mois de cette manœuvre exceptionnelle, menée entre janvier et mai 2025, plus de 149 000 dossiers ont été enregistrés, avec un taux de validation inédit de plus de 120 000 plaques délivrées. À titre de comparaison, l’année précédente n’avait vu que 18 600 motos légalement inscrites. Ces chiffres traduisent à la fois l’ampleur du phénomène et la volonté des autorités de reprendre le contrôle d’un secteur trop longtemps livré à lui-même. Le message est désormais clair : à partir du 25 mai, tout conducteur de moto circulant sans immatriculation sera sanctionné. Les forces de sécurité ont reçu instruction de procéder sans délai à l’immobilisation des véhicules en infraction, assortie d’amendes.

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La fin d’une tolérance, le début d’un nouveau rapport à la rue

Ce virage réglementaire marque la fin d’une certaine permissivité. Il ouvre également un nouveau chapitre dans la relation entre l’État, les usagers de la route et la sécurité publique. Pour beaucoup, la moto était jusqu’ici un raccourci vers l’informel, un moyen d’échapper aux règles imposées aux automobilistes. La mesure de régularisation impose désormais un cadre commun à tous les acteurs de la mobilité. Elle devrait aussi faciliter la traçabilité en cas d’accidents, de délits ou de vols, tout en renforçant la crédibilité des forces de l’ordre. Mais sa réussite dépendra aussi de l’équité dans l’application de la loi et de la capacité des institutions à maintenir cette exigence dans la durée.

Cette phase de transition achevée, les autorités n’ont plus d’alibi. Il ne s’agit plus de sensibiliser, mais de faire respecter. L’avenir dira si ce tournant administratif saura transformer durablement le visage de la circulation urbaine ou s’il se heurtera, une fois l’élan passé, à la résilience de l’informel.

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