Figure influente de l’APR et compagnon de route de Macky Sall depuis le tournant de 2008, Farba Ngom s’était taillé une stature d’homme fort dans le Fouta. De chauffeur du président à faiseur de rois dans sa région natale, il a su tirer les ficelles d’un ancrage politique que peu contestaient. Pourtant, alors que l’ancien régime se délite, le nom de Farba Ngom ressurgit dans une actualité judiciaire des plus lourdes, où se mêlent famille, finance publique et accusations de malversations massives.
Deux de ses frères viennent d’être placés sous bracelets électroniques, une décision prise par le juge après leur audition dans une affaire aux ramifications financières complexes. Ils sont liés à une enquête portant sur un transfert suspect de quatre milliards de francs CFA, en provenance directe du Trésor public, effectué en juin 2022. Ce montant n’est qu’un volet d’un tableau bien plus large dans lequel Farba Ngom apparaît deux fois : une fois comme co-accusé dans un dossier de 91 milliards, aux côtés de l’homme d’affaires Tahirou Sarr, et une autre fois comme acteur principal dans une affaire distincte impliquant 31 milliards.
Une justice qui resserre l’étau
Ce n’est plus seulement l’homme politique qui est interpellé, mais son environnement familial immédiat. Les bracelets électroniques imposés à ses frères marquent une étape décisive dans l’enquête, signalant que la justice sénégalaise entend aller au fond des choses. Si les investigations confirment les soupçons, c’est toute une architecture de redistribution et d’accumulation de ressources autour de l’ancien pouvoir qui risque d’être mise à nu.
À ce stade, les accusations ne sont pas encore tranchées par un jugement, mais la nature des sommes évoquées et la position stratégique des individus concernés donnent à cette affaire une résonance qui dépasse le simple fait divers judiciaire. Ce ne sont plus seulement des comptes bancaires ou des flux financiers qui sont mis en cause, mais la gestion même de l’État à un moment où les ressources publiques faisaient l’objet de nombreuses interrogations.
Des symboles qui s’effritent
Alors que les rebondissements judiciaires se multiplient autour de Farba Ngom, un nouveau coup dur était venu freiner ses espoirs de desserrer l’étau. Selon les informations révélées par le journal Libération ce 22 avril, l’Agent judiciaire de l’État (AJE) a formellement rejeté sa demande de mise en liberté provisoire. Pourtant, la défense avait proposé un cautionnement, dans l’espoir d’obtenir un allègement des mesures de détention. L’État, par la voix de son représentant légal dans les procédures, a préféré s’opposer fermement à toute possibilité de libération, même conditionnelle.
Cette décision traduit la volonté des autorités judiciaires de maintenir la pression, en soulignant la gravité des faits reprochés et le risque, peut-être, d’entrave à l’enquête en cours. Dans une affaire impliquant des montants aussi colossaux, et où la proximité entre l’accusé et les anciennes sphères du pouvoir est évidente, le refus de l’AJE prend une valeur symbolique : celle d’un signal clair envoyé à l’opinion publique sur la fin de l’impunité.
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