Sénégal : la non-élection d’Amadou Hott à la BAD suscite des frustrations sur la toile

Photo d'illustration : DR

L’élection de Sidi Ould Tah à la tête de la Banque africaine de développement, officialisée le 29 mai 2025, a été accueillie avec les honneurs protocolaires par les autorités sénégalaises. Le Premier ministre Ousmane Sonko a félicité l’ancien patron de la BADEA, soulignant son parcours et son attachement à la coopération sud-sud. Toutefois, derrière les messages de courtoisie institutionnelle, un autre son de cloche s’est fait entendre sur les réseaux sociaux. Une partie de l’opinion publique sénégalaise a perçu cette nomination comme une désillusion nationale, une occasion manquée de voir l’un des leurs accéder à un poste stratégique pour le continent.

Amadou Hott, ancien ministre sénégalais de l’Économie, économiste reconnu et figure montante des grandes institutions africaines, était pourtant vu par beaucoup comme un prétendant sérieux. Son profil, sa technicité et son expérience dans les sphères financières internationales en faisaient, aux yeux de ses soutiens, une candidature à fort potentiel. Sa non-élection a donc généré une vague de réactions en ligne, où se mêlent incompréhension, critiques et regrets.

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Des critiques sur le manque de stratégie sénégalaise

Sur Twitter, Facebook et même WhatsApp, les commentaires se sont multipliés dès l’annonce du résultat. Plusieurs internautes ont pointé du doigt ce qu’ils considèrent comme une faiblesse du lobbying sénégalais au sein des cercles décisionnels africains. Le sentiment général est que le pays n’a pas mis assez de poids diplomatique derrière son candidat. Certains parlent même d’un échec de positionnement régional, regrettant que Dakar, malgré son rayonnement, peine encore à imposer ses représentants au sommet des grandes organisations continentales.

Ces critiques vont au-delà de la simple défaite d’un homme. Elles traduisent un malaise plus profond : celui d’un pays dont les ambitions panafricaines semblent régulièrement freinées par des manques d’anticipation ou de coordination. Pour certains commentateurs, cette déconvenue doit servir d’électrochoc et pousser les autorités à renforcer leurs stratégies d’influence dans les institutions financières.

Entre résignation et appel au rebond

Malgré les critiques, tous les commentaires ne sont pas empreints d’amertume. De nombreuses voix se sont aussi élevées pour relativiser cette défaite. Plusieurs messages rappellent que Sidi Ould Tah est lui aussi un professionnel aguerri, et que son élection ne saurait être interprétée comme un rejet du Sénégal. Pour ces observateurs, l’essentiel est que l’Afrique reste aux commandes de ses leviers de développement, quelle que soit la nationalité du dirigeant.

D’autres encore y voient une simple étape dans le parcours d’Amadou Hott, dont la crédibilité demeure intacte. Certains internautes rappellent qu’un mandat non obtenu ne réduit pas à néant les acquis d’un parcours. Ils encouragent l’ancien ministre à poursuivre son engagement en faveur de l’intégration économique africaine, tout en appelant l’État à tirer les leçons de cette expérience.

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Au final, la réaction sénégalaise à cette élection témoigne d’une conscience accrue des enjeux de représentation sur la scène africaine. Elle montre aussi que les aspirations collectives se projettent désormais bien au-delà des frontières nationales, avec une attente forte vis-à-vis de ceux qui portent l’image du pays dans les arènes régionales et internationales. La nomination de Sidi Ould Tah restera sans doute un épisode marquant, autant pour ce qu’elle révèle des rapports de force que pour les débats qu’elle aura fait naître.

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