Sénégal : La troisième ministre devant la Haute Cour de Justice mise aux arrêts

photo d'illustration (unsplash)

Alors que les regards se tournent de plus en plus vers la Haute Cour de Justice, chargée de juger les anciens membres du gouvernement soupçonnés de gestion douteuse des deniers publics, une nouvelle arrestation vient secouer la sphère politique sénégalaise. L’ancienne ministre des Mines et de la Géologie, Aissatou Sophie Gladima, a été placée sous mandat de dépôt, devenant ainsi la troisième ancienne ministre à comparaître dans le cadre de l’enquête sur les détournements présumés liés aux fonds alloués durant la crise sanitaire du Covid-19.

Des milliards sous tension : la gestion des fonds Covid sous la loupe

Durant la pandémie, le ministère des Mines s’était vu attribuer un montant d’un milliard de FCFA, censé soutenir les secteurs indirectement frappés par la crise, notamment l’artisanat minier. Sous la direction de Sophi Gladima, une partie de cette enveloppe avait été utilisée pour mettre en place un centre gravimétrique à Kédougou, destiné à soutenir les orpailleurs. Si le projet visait à apporter une réponse aux difficultés économiques rencontrées par ces travailleurs informels, les modalités d’attribution des fonds, l’absence de transparence dans les appels d’offres et les circuits financiers employés ont rapidement soulevé des interrogations.

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C’est précisément ce point qui a conduit les magistrats de la commission d’instruction à convoquer plusieurs responsables de l’ancien régime. À mesure que les auditions se succèdent, les premières décisions tombent, avec des conséquences juridiques distinctes pour chaque protagoniste.

Une comparution parmi d’autres, mais une issue différente

Avant Gladima, Ndèye Saly Diop avait déjà été interrogée par la commission ce lundi. Elle avait évité la détention grâce à un cautionnement de 57 millions de FCFA. Hier mardi, Ismaïla Madior Fall, ancien ministre de la Justice, s’était également présenté. Malgré une inculpation, il avait échappé à la prison en étant assigné à résidence et équipé d’un bracelet électronique. La situation de Sophie Gladima tranche nettement avec ces précédents : les juges ont ordonné son incarcération immédiate, estimant les charges suffisamment sérieuses et le risque de fuite ou d’entrave à l’enquête élevé.

Cette décision marque un tournant. Alors que les deux premiers ministres entendus ont pu éviter la détention, l’arrestation de Gladima semble montrer que la commission ne se limite pas à des sanctions symboliques. Elle agit, y compris contre des figures de poids, dans un effort manifeste de restaurer la crédibilité des institutions et de la justice dans une opinion publique largement désabusée.

Un signal politique au-delà des murs du tribunal

Le renvoi d’anciens ministres devant la Haute Cour de Justice dépasse la simple recherche de responsabilités individuelles. Il cristallise une attente populaire, celle d’un assainissement de la gestion publique et d’une rupture réelle avec les pratiques opaques qui ont longtemps caractérisé l’attribution des marchés et des subventions publiques.

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L’arrestation de Gladima intervient aussi dans un moment où la population réclame des actes concrets. Elle risque d’intensifier la pression sur les autres anciens membres du gouvernement appelés à comparaître. Moustapha Diop et Amadou Mansour Faye sont également sur la liste, et beaucoup s’interrogent sur leur sort. La justice, désormais en première ligne, est observée comme rarement auparavant.

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