Ce mercredi matin, un groupe de collecteurs de noix de cajou a été violemment pris pour cible par des hommes armés alors qu’ils circulaient dans le sud du Sénégal. Ces derniers ont réussi à emporter une somme colossale de 40 millions de FCFA, alimentant l’inquiétude déjà palpable chez les acteurs de la filière anacarde. Quelques heures plus tôt, à Ziguinchor, des professionnels réunis en point de presse avaient justement exprimé leur peur de voir la campagne 2025 devenir une copie conforme de celle de 2024, marquée par les tensions, les lenteurs et les pertes. L’attaque de mercredi donne à cette inquiétude un écho tragiquement concret.
Dans une région où la production de noix de cajou représente l’un des piliers économiques, ce type d’incident compromet bien plus qu’une simple opération commerciale : il menace l’équilibre fragile d’une chaîne de valeur déjà mise à mal par le manque de moyens, la difficulté d’accès aux financements, et une organisation parfois défaillante. Le climat d’insécurité ajoute une pression nouvelle à des professionnels qui peinent à protéger leurs récoltes et leurs investissements.
Une filière en tension et un stock en danger
Derrière les sacs de noix et les chiffres impressionnants de la production, c’est tout un réseau humain qui fonctionne en tension permanente. Le stock actuel, estimé à des dizaines de milliers de tonnes selon un transformateur basé à Ziguinchor, est aujourd’hui à la merci d’autres actes de violence si rien n’est fait rapidement pour renforcer la sécurité. La peur s’installe dans les campagnes et les villages, où les transactions se font souvent en liquide et dans des zones peu surveillées.
Le besoin d’un encadrement plus strict devient une urgence. Sécuriser les échanges, organiser la collecte, fluidifier les mécanismes de financement : autant de leviers que les acteurs de la filière appellent à activer de toute urgence. Car chaque retard dans l’évacuation des stocks ou dans la transformation de la noix représente un risque accru de perte financière, sans compter la démotivation progressive des producteurs face à une activité qui devient synonyme de danger.
Un cri d’alerte qui ne peut plus être ignoré
Les signaux d’alerte lancés mardi par les représentants du secteur ne sont plus théoriques. Ce qui devait être un appel à la prévention devient un constat amer de vulnérabilité. Le vol à main armée survenu moins de vingt-quatre heures après leurs déclarations illustre la brutalité du défi. Pour beaucoup, le problème dépasse maintenant la simple mauvaise organisation : il s’agit d’un manque de protection économique élémentaire, dans une région où la production d’anacarde est l’un des rares moteurs de croissance locale.
Face à cette situation, le statu quo n’est plus tenable. Il ne suffit plus de parler de campagne agricole, il faut désormais parler de campagne sous protection. La survie de la filière anacarde ne dépend pas uniquement du rendement ou du prix d’achat, mais de la capacité collective à garantir que les hommes et les ressources puissent circuler sans crainte d’agression. Les producteurs, collecteurs et transformateurs ne demandent pas un privilège, mais une sécurité minimale pour faire leur travail. Faute de quoi, les noix pourraient bien pourrir en entrepôt pendant que les inquiétudes, elles, continuent de mûrir.
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