Au Sénégal, une récente affaire de vol d’électricité vient de mettre en lumière les failles du système de distribution de la compagnie nationale d’électricité (Senelec). Le Tribunal de Grande Instance de Kaolack a prononcé des sanctions fermes à l’encontre de six personnes reconnues coupables de branchements illicites sur le réseau public. Ce dossier, qui mêle particuliers, prestataires de service et exploitants industriels, a révélé une organisation bien huilée, opérant au détriment de la collectivité.
L’affaire, qui remonte au début de l’année, a été jugée en audience publique. Neuf prévenus étaient dans le box. Parmi eux, des habitants ordinaires de Kaolack, mais aussi des agents sous-traitants liés à la Senelec et des chefs d’activité exploitant de l’énergie de manière illégale dans leurs installations. Il ne s’agissait donc pas seulement d’une fraude isolée, mais bien d’un système structuré, dans lequel chacun jouait un rôle spécifique.
Le tribunal a retenu des charges lourdes contre six des accusés. Vol d’énergie, complicité, détournement de deniers publics. La sentence a été claire : un an de prison, dont un mois ferme. Trois autres accusés ont été relaxés, la justice ayant jugé insuffisantes les preuves à leur encontre. Au-delà des peines pénales, le volet civil n’a pas été négligé. Les condamnés devront verser collectivement dix millions de francs CFA à la Senelec, en compensation des pertes engendrées. Une exécution immédiate a été ordonnée, accompagnée d’une contrainte par corps en cas de non-paiement.
Ce jugement envoie un signal fort dans un contexte où les fraudes à l’électricité continuent de ronger les finances publiques et compromettent la qualité du service. Selon les premières conclusions de l’enquête, l’électricité détournée ne servait pas seulement à alimenter des foyers, mais aussi des unités de production.
L’affaire de Kaolack rappelle que la lutte contre la fraude énergétique ne peut se limiter à des campagnes de sensibilisation. Elle nécessite des actions de terrain, des contrôles techniques renforcés et une volonté judiciaire d’établir clairement les responsabilités. La Senelec, souvent critiquée pour ses coupures ou ses coûts, se retrouve ici en position de victime d’un réseau parallèle qui affecte son équilibre financier.
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