Sénégal : Une plainte de PASTEF sur les troubles politiques de 2021-2024

Ousmane Sonko - photo : DR

Entre 2021 et 2024, le Sénégal a traversé une période d’instabilité sans précédent. Des manifestations massives, alimentées par des frustrations politiques, économiques et sociales, ont secoué le pays de manière récurrente. Ces événements, souvent qualifiés de révolution citoyenne, ont opposé des milliers de jeunes aux forces de l’ordre dans un climat de crispation institutionnelle. Si certains y voyaient un réveil démocratique, d’autres y ont perçu une dérive vers la violence. À travers les villes du pays, les affrontements ont fait plus de 80 morts, une majorité de jeunes manifestants. Cette séquence de contestation a laissé des cicatrices profondes dans le tissu social et dans la mémoire collective sénégalaise.

Un tournant judiciaire dans la bataille médiatique

Le climat post-crise n’a pas apaisé les tensions. Au contraire, il semble avoir déplacé le combat du terrain de la rue vers celui des tribunaux. Le parti PASTEF, longtemps au cœur des manifestations et souvent pointé du doigt, a décidé de riposter à ce qu’il considère comme une campagne de désinformation. Son avocat, Maître Bamba Cissé, a déposé plainte contre deux figures publiques, Babacar Gaye et Babacar Dione, pour diffusion de fausses nouvelles et diffamation. Les deux hommes auraient accusé ouvertement PASTEF d’avoir orchestré des actes criminels durant la période des troubles, allant jusqu’à évoquer des assassinats et actes de barbarie. Des accusations graves que le parti qualifie de mensongères et dangereuses, dénonçant une tentative de ternir son image et d’effacer la légitimité de son engagement politique.

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Des mots lourds de conséquences

Cette plainte révèle une volonté claire de PASTEF de ne plus laisser passer les insinuations et les discours hostiles qui visent à le délégitimer dans l’opinion. En portant l’affaire devant la justice, le parti espère non seulement défendre son honneur, mais aussi envoyer un signal : celui que l’arène politique ne peut se réduire à un espace de calomnie impunie. Pour les partisans de PASTEF, ces accusations sont perçues comme une manière détournée de réécrire l’histoire récente du pays et de criminaliser une mobilisation populaire. Pour leurs détracteurs, elles relèvent d’une tentative de brouiller les responsabilités.

Le Sénégal, encore marqué par les séquelles des mobilisations de rue, observe désormais un autre type de confrontation : plus feutrée, mais tout aussi décisive pour la mémoire nationale et les équilibres à venir.

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