C’est à Ouagadougou qu’Ousmane Sonko a atterri hier, amorçant une visite officielle placée sous le signe de la solidarité et du dialogue régional. À peine arrivé, le Premier ministre sénégalais a tenu une déclaration marquée par la gravité du moment et l’esprit de fraternité, annonçant clairement la volonté du Sénégal de se tenir aux côtés du Burkina Faso face à la menace terroriste. Cette prise de parole a également donné le ton d’un déplacement qui inclura, ce samedi 17 mai, la participation attendue de M. Sonko à l’inauguration du Mausolée Thomas Sankara, lieu hautement symbolique pour les peuples engagés dans une quête d’indépendance politique et économique.
Le choix de cette visite et du calendrier qui l’entoure traduit un message fort. Avant même les cérémonies officielles, c’est l’urgence sécuritaire et le sentiment de proximité historique qui ont été mis en avant. En évoquant la mémoire de Sankara et en exprimant la solidarité du peuple sénégalais, Ousmane Sonko a esquissé un lien direct entre l’héritage révolutionnaire du Burkina Faso et les défis contemporains auxquels les deux pays sont confrontés, notamment la lutte contre l’extrémisme violent.
Un signal de solidarité dans un contexte sécuritaire brûlant
Lors de son allocution officielle, Ousmane Sonko a tenu à transmettre un message de fraternité au nom du président sénégalais Bassirou Diomaye Faye. Face aux attaques que subit le Burkina Faso, le Premier ministre a exprimé une solidarité qui se veut sans ambiguïté. À travers ses mots, c’est une posture résolument active qui se dessine : celle d’un pays prêt à envisager toutes les pistes de coopération pour venir en appui à un peuple voisin qui endure une guerre asymétrique contre des groupes armés bien implantés dans certaines zones.
Plutôt que de s’en tenir à une posture d’observateur, Dakar semble vouloir endosser un rôle plus impliqué. Il ne s’agit plus seulement d’exprimer une compassion diplomatique, mais de poser la possibilité d’un soutien concret. La lutte contre le terrorisme sahélien, longtemps perçue comme une urgence réservée aux pays en première ligne, commence à être appréhendée comme un enjeu régional qui impose des réponses coordonnées, voire solidaires.
Vers une dynamique sécuritaire ouest-africaine repensée
Les propos tenus par le chef du gouvernement sénégalais marquent une inflexion dans le positionnement géopolitique de son pays. En assurant que le Sénégal « n’exclura aucune forme de collaboration », Ousmane Sonko ouvre la porte à des partenariats bilatéraux plus étroits, mais aussi à une réflexion sur les mécanismes de réponse aux menaces sécuritaires dans la sous-région. Cette déclaration n’est pas sans conséquences : elle pourrait présager d’échanges accrus en matière de renseignement, de formations conjointes ou de soutien logistique, dans un contexte où le retrait de certaines forces internationales oblige les États africains à réinventer leurs dispositifs.
La volonté affichée de coopérer avec le Burkina Faso interroge aussi les configurations existantes de défense, comme la CEDEAO, parfois critiquée pour son inertie face à la montée de l’insécurité. Dans un espace régional où les initiatives endogènes peinent à émerger, ce type de déclaration pourrait redessiner les lignes d’une coopération fondée sur des affinités politiques et des convergences de vision. Le déplacement de Sonko pourrait donc inaugurer une nouvelle phase, où la solidarité politique se transforme en actes concrets au service de la stabilité.
Dans une région marquée par la fragilité des États et la progression des menaces armées, ce déplacement à Ouagadougou ne se résume pas à un simple échange diplomatique. Il amorce un repositionnement sénégalais plus affirmé dans les débats sur la sécurité en Afrique de l’Ouest, tout en renouant avec une tradition panafricaniste réactivée par les symboles et les gestes forts.
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