Un nouvel épisode dans les relations tendues entre l’Union Progressiste le Renouveau (UP-R) et le Parti du Renouveau Démocratique (PRD) s’est joué ces derniers jours. Le ministère de l’Intérieur a adressé une mise en garde formelle à Gratien Ahouanmenou, secrétaire général adjoint du PRD, l’accusant d’user illégalement du nom et des attributs d’un parti censé avoir disparu depuis sa fusion avec l’Union Progressiste. Une interprétation vivement contestée par l’ancien président de l’Assemblée nationale et leader du PRD, Me Adrien Houngbédji.
Dans une correspondance datée du 20 mai 2025 et reçue par son destinataire le 26 mai, le ministère de l’Intérieur rappelle à Gratien Ahouanmenou que le PRD a « cessé d’exister en tant que personne morale » depuis sa fusion avec l’Union Progressiste, matérialisée par un récépissé définitif délivré le 2 septembre 2022. Le communiqué signé par M. Ahouanmenou au nom du PRD, le 17 avril 2025, est ainsi jugé illégal, et l’intéressé sommé de cesser toute utilisation du nom et des signes distinctifs du PRD, sous peine de poursuites pénales en vertu de la charte des partis politiques.
Une rupture en cours de maturation ?
Cette position n’a pas tardé à faire réagir Me Adrien Houngbédji, président du PRD, qui a adressé une lettre de réponse au ministère. Dans ce courrier argumenté, il rejette catégoriquement l’idée que la fusion avec l’Union Progressiste ait entraîné la dissolution du PRD. Selon lui, ni les statuts du PRD ni ceux de l’UP ne permettent une telle interprétation sans la tenue d’un congrès extraordinaire statuant à la majorité des trois quarts des membres. Le Président Houngbédji s’appuie sur plusieurs éléments clés pour soutenir son argumentaire :
- Le récépissé définitif du PRD : Délivré par le Ministère de l’Intérieur lui-même le 26 août 2022, soit après la signature de l’accord de fusion du 21 août 2022. Pour M. Houngbédji, cette délivrance confirme que le PRD a continué d’exister.
- Les statuts du PRD : Adoptés en décembre 2021 et communiqués au ministère, ces statuts prévoient, selon le leader du parti, que les décisions de fusion « ne peuvent pas entraîner la dissolution du P.R.D. », et que le parti conserve ses attributs, son patrimoine et son autonomie. Ils mentionnent également la possibilité de « constituer un courant à l’intérieur de la nouvelle formation ».
- L’absence de congrès de dissolution : M. Houngbédji souligne que la dissolution du PRD, conformément à l’article 111 de ses statuts, ne peut intervenir que par un vote des trois quarts des congressistes lors d’un congrès extraordinaire spécifiquement convoqué à cet effet. Un tel congrès n’aurait jamais eu lieu.
- La qualification de l’accord : Le document du 21 août 2022 est intitulé « acte de fusion » et non « acte de dissolution », ce qui, selon le PRD, conforte sa position.
- La Charte des Partis Politiques : Se référant à l’article 29-9 de la loi n° 2018-23, le président du PRD rappelle que les statuts doivent prévoir le mécanisme de dissolution ou de fusion. Il relève que les statuts de l’UP comme ceux du PRD exigent un congrès extraordinaire à forte majorité pour la dissolution, et qu’aucune preuve de dissolution du PRD ne figure dans les documents de l’UPR.
Dans une interview accordée à BIP Radio ce mercredi 4 juin 2025, Gratien Ahouanmenou a exprimé une gêne croissante au sein des militants du PRD. « Les militants du PRD ne se sentent plus à l’aise au sein de l’UP le Renouveau », a-t-il affirmé. Il y révèle également avoir adressé un courrier de clarification au ministère de l’Intérieur, contestant l’interprétation selon laquelle le PRD aurait juridiquement disparu.
Selon le SGA du PRD, les textes du parti prévoient que la fusion ne vaut pas dissolution. Il indique qu’une consultation de la base est en cours afin d’envisager une rupture formelle de cette union, jugée aujourd’hui inefficace. « La fusion avec l’UP n’a pas fonctionné », déplore-t-il.
Un malaise plus profond…
Ce nouvel épisode illustre un malaise latent au sein de l’UP-R, fruit de la fusion en 2022 entre l’Union Progressiste et le PRD. Officiellement réunis sous une même bannière, les deux partis semblent pourtant n’avoir jamais complètement intégré leurs structures et cultures politiques. À l’approche des prochaines échéances électorales, cette tension pourrait aboutir à une recomposition officielle du paysage partisan. Si le PRD opte pour une rupture avec l’UP-R, cela marquerait une forme de retour sur la scène politique pour ce parti historique, qui revendique encore une base électorale dans certaines régions.
Les multiples rencontres entre les responsables de l’Upr et Me Adrien Houngbédji ne semblent pas avoir porté de fruit. A quoi pourrait-on s’attendre dans cette affaire ? Bien malin qui pourrait répondre exactement à cette interrogation. On se rappelle juste que l’ancien président de l’Assemblée Nationale avait pris ses distances vis-à-vis des politiques du gouvernement. Il a enfourché le discours des opposants en réclamant la libération de détenus politiques, le retour des exilés politiques ainsi que la révision du Code électoral qu’il juste exclusif. Ceci ajouté à cela pourrait laisser penser à une probable séparation…
Laisser un commentaire