Blanchiment au Maghreb: un pays muscle son arsenal juridique

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La lutte contre les circuits financiers illicites figure parmi les priorités de nombreux États confrontés à la criminalité économique. Qu’il s’agisse de blanchiment d’argent ou de financement du terrorisme, ces pratiques sapent la transparence économique, compromettent l’intégrité des institutions financières et nuisent à la réputation des pays sur la scène internationale. Face à ces enjeux, l’Algérie intensifie ses efforts en revoyant une nouvelle fois son cadre législatif. Un avant-projet de loi a été récemment examiné par le gouvernement, visant à consolider le dispositif en vigueur et à répondre aux exigences des instances internationales.

Vers un cadre plus strict et actualisé

Réuni sous la présidence du Premier ministre Nadir Larbaoui, l’exécutif a passé en revue un avant-projet de loi modifiant la législation de 2005 sur le blanchiment et le financement du terrorisme. Cette nouvelle mouture vise à combler les lacunes relevées par les évaluateurs internationaux et à se conformer aux standards du Groupe d’action financière (GAFI). L’objectif est double : renforcer les outils juridiques existants et accélérer la sortie du pays de la liste grise dans laquelle il est inscrit depuis octobre 2024.

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Une trajectoire amorcée dès 2023

Ce durcissement du cadre législatif s’inscrit dans un processus de réformes entamé depuis plusieurs années. En février 2023, la loi 23-01 avait déjà instauré de nouvelles exigences pour les établissements financiers, notamment en matière de surveillance des clients, de traçabilité des transactions et de définition des personnes politiquement exposées. Elle avait également introduit des dispositifs permettant la confiscation d’avoirs sans condamnation préalable.

Cette dynamique a été complétée par une série de textes réglementaires. Parmi eux : un décret de novembre 2023 sur le contrôle des professions assujetties, un autre en mars 2024 concernant le gel administratif d’avoirs liés au terrorisme, ainsi qu’un règlement de la Banque d’Algérie, publié en juillet 2024, imposant de nouvelles obligations de vigilance interne aux banques.

Une stratégie nationale en trois axes

Afin d’assurer une réponse cohérente, les autorités ont adopté, en janvier dernier, une stratégie nationale 2024–2026 contre le blanchiment et le financement du terrorisme. Celle-ci repose sur trois piliers : d’abord, une révision continue du cadre juridique et réglementaire ; ensuite, une gouvernance renforcée via un comité intersectoriel chargé de l’évaluation périodique des risques ; enfin, un accent mis sur la formation et la supervision des professions exposées, telles que les notaires, bijoutiers, opérateurs immobiliers et changeurs de devises.

Une pression venue de l’extérieur

L’évolution du dispositif algérien ne peut être dissociée du contexte international. La Commission européenne a récemment inscrit l’Algérie sur la liste des pays à haut risque, exposant ainsi ses opérations financières à une vigilance renforcée sur le territoire de l’Union. Quant au GAFI, il poursuit un suivi régulier des engagements pris par Alger depuis son inclusion sur la liste grise. Parmi les insuffisances encore pointées : la faiblesse des sanctions, des mécanismes de gel incomplets, et une identification lacunaire des bénéficiaires effectifs.

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Une volonté de conformité affirmée

À travers ce nouveau projet de loi, l’État algérien affiche clairement son intention d’aligner ses normes avec les standards internationaux. Si le chantier est vaste, les autorités semblent déterminées à agir rapidement pour assainir le climat financier national. Toutefois, la crédibilité de cette démarche dépendra désormais de la capacité à traduire les réformes en résultats concrets et mesurables, condition essentielle pour regagner la confiance des partenaires économiques internationaux.

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