Le Maghreb reste un pivot énergétique incontournable, surtout pour les pays européens en quête de nouvelles sources d’approvisionnement. Dans cette zone, deux acteurs dominent le paysage : l’Algérie, solidement installée dans le secteur gazier, et la Libye, riche en pétrole mais minée par des années d’instabilité. Aujourd’hui, ces deux pays se lancent dans une course stratégique pour consolider ou retrouver leur poids dans l’ordre énergétique mondial. Si leurs approches diffèrent, les ambitions sont claires et les moyens mobilisés en disent long sur la dimension de cette rivalité.
Libye : une relance musclée après des années d’ombre
Privée de grands investissements depuis près de deux décennies, la Libye tente en 2025 une percée remarquée. Le pays a ouvert à la compétition internationale plusieurs zones réputées prometteuses. L’ambition est affirmée : produire d’ici cinq ans 2 millions de barils de brut chaque jour, un seuil qui correspond à plus du double de sa production actuelle. À cela s’ajoute un autre objectif majeur : extraire 4 milliards de pieds cubes de gaz quotidiennement. Ce redémarrage vise à restaurer le rôle de la Libye comme fournisseur énergétique, en misant sur ses ressources encore largement inexploitées. Reste à savoir si l’environnement politique permettra de transformer l’intention en résultats concrets.
Algérie : des moyens colossaux pour asseoir sa domination
Pendant que Tripoli tente de revenir dans le jeu, Alger, elle, avance sur une trajectoire de consolidation. Le pays prévoit selon Attaqa un investissement massif compris entre 36 et 50 milliards de dollars sur la période 2024-2028 pour moderniser ses infrastructures et booster ses capacités. La priorité est donnée au gaz naturel, ressource-phare du pays, dont la production annuelle devrait passer à 200 milliards de mètres cubes à l’horizon 2030. Ce chiffre représente une progression d’environ 50 % par rapport au niveau actuel, ce qui renforcerait significativement la capacité d’exportation, notamment vers l’Europe. L’Algérie, qui s’appuie déjà sur des accords solides avec des partenaires comme l’Italie et l’Espagne, parie sur la fiabilité et la continuité pour séduire davantage.
Concurrence énergétique : deux visions opposées
D’un côté, la Libye accélère pour revenir sur le devant de la scène avec des chiffres ambitieux, mais dans un contexte fragile. De l’autre, l’Algérie structure son expansion autour d’un calendrier clair, en s’appuyant sur une base industrielle plus stable. Ces deux trajectoires révèlent une compétition d’autant plus forte qu’elle se joue sur fond de reconfiguration mondiale du marché énergétique. L’Europe, en quête de fournisseurs stables et géographiquement proches, observe avec attention ces deux stratégies.
La rivalité pourrait s’intensifier au fil des années, chaque pays cherchant à tirer parti de ses ressources pour asseoir son influence. Si Alger semble avoir une longueur d’avance grâce à sa régularité, Tripoli pourrait, en cas de succès, redevenir un acteur redoutable. Le Maghreb ne se contente plus d’être un simple réservoir d’hydrocarbures : il devient un terrain de manœuvres où se jouent des équilibres énergétiques et diplomatiques de plus en plus serrés.
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