Maghreb: controverse pendant le tournage d'un film

Le tournage de productions cinématographiques étrangères dans des villes emblématiques du Sud suscite souvent un double regard. D’un côté, il y a l’enthousiasme suscité par l’ouverture au monde et les opportunités de rayonnement international. De l’autre, surgissent parfois des tensions lorsque les codes culturels et les sensibilités locales sont perçus comme ignorés, voire bafoués. C’est dans cette zone de friction que se situe la controverse née à Tanger, au Maroc, à propos d’un film italien réalisé par Gabriele Muccino, déjà connu pour ses fresques sociales et ses histoires intimes. Ce tournage, qui s’annonçait comme une simple collaboration artistique, a vite basculé dans une polémique alimentée par les réseaux sociaux.

Une scène jugée déplacée par de nombreux internautes

Ce n’est pas l’ensemble du film qui a mis le feu aux poudres, mais une séquence bien précise : un baiser échangé entre les protagonistes en plein espace public. Capturée en vidéo et largement diffusée, cette scène a été perçue par une partie du public comme incompatible avec les normes sociales et religieuses de la ville. Les réactions ne se sont pas fait attendre, entre critiques sévères et commentaires outrés, certains dénonçant un manque de respect vis-à-vis des valeurs locales.

Ce rejet ne s’est pas limité à la scène du baiser. Une autre publication a jeté de l’huile sur le feu : des stories Instagram nocturnes partagées par l’acteur principal Stefano Accorsi, montrant la ville de Tanger sur fond sonore de l’appel à la prière. Pour certains internautes, cette mise en scène frôle la provocation, voire l’instrumentalisation d’un symbole religieux. D’autres, en revanche, y voient un hommage visuel à la beauté nocturne de la ville, une manière de capter son atmosphère unique.

L’éternelle tension entre création artistique et contexte local

Le débat soulevé par cette polémique rappelle d’autres épisodes où des productions étrangères ont heurté les sensibilités des sociétés hôtes. Si le Maroc accueille régulièrement des tournages internationaux, Tanger, avec son histoire cosmopolite, sa mémoire coloniale et son identité musulmane forte, constitue un décor complexe, chargé de symboles. Tourner un film dans ses rues revient à naviguer entre admiration, appropriation et malentendus.

Le réalisateur Gabriele Muccino, entouré d’un casting prestigieux – Stefano Accorsi, Miriam Leone, Claudio Santamaria et Carolina Crescentini – semble s’être aventuré sur une ligne fine entre fiction romantique et espace public vivant. Or, lorsqu’un film se déploie hors studio, chaque scène peut devenir un geste politique ou religieux malgré elle. Et dans un monde hyperconnecté, quelques secondes captées et partagées peuvent déclencher des chaînes de réactions, parfois démesurées.

Tanger entre lumière et controverse

La ville de Tanger, depuis longtemps perçue comme un pont entre l’Europe et l’Afrique, a toujours fasciné les artistes. Mais cette fascination ne garantit pas l’adhésion automatique de ses habitants. Si certains y voient une chance de positionner leur ville sur la carte du cinéma mondial, d’autres rappellent que l’hospitalité culturelle ne signifie pas acceptation de tout.

1 réflexion au sujet de « Maghreb: controverse pendant le tournage d'un film »

  1. C’est triste de voir l’obscurantisme des religieux bafoué le droit à la culture.
    ta religion doit être cantonner chez toi à la maison, la mosquée, l’église, ou la synagogue et bannit de l’espace public.

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