Maghreb : la Banque mondiale alerte sur le ralentissement économique de ce pays

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Pendant plus d’une décennie, la Tunisie a oscillé entre espoirs démocratiques et impasses institutionnelles. Les promesses de la transition politique ont vite été rattrapées par une réalité socio-économique rude : instabilité gouvernementale, dégradation des services publics, montée des inégalités, endettement croissant et fuite des cerveaux. L’économie, déjà vulnérable, a été successivement ébranlée par des chocs exogènes comme la pandémie de Covid-19 ou encore la crise énergétique mondiale. Les attentes de la population se sont heurtées à l’incapacité des gouvernements à impulser une dynamique de redressement durable. C’est dans ce climat d’impasse généralisée que la Banque mondiale tire un signal d’alarme sur l’état de santé économique du pays.

Une économie figée, sans moteur de transformation

Dans son rapport diffusé en juin, l’institution financière internationale brosse un tableau morose de la situation tunisienne. L’activité économique, loin de montrer des signes de rebond, stagne à des niveaux préoccupants. La croissance attendue pour 2025 ne dépasse pas les 2 %, et les prévisions pour l’année suivante s’annoncent encore plus faibles. Cette performance modeste reflète l’absence de leviers d’innovation, le retard dans les chantiers de réforme, et une gestion budgétaire étouffée par le poids d’un endettement massif.

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La capacité à prendre des décisions budgétaires ou économiques est désormais très limitée. Le fardeau de la dette publique, désormais supérieur à 80 % du produit intérieur brut, limite toute possibilité d’investissement public structurant. Et bien que le déficit de l’État ait connu une légère contraction, cela reste insuffisant pour relancer la machine ou rassurer les partenaires économiques du pays.

Une jeunesse désemparée face à un avenir verrouillé

La crise économique n’épargne aucune couche sociale, mais ce sont les jeunes, et plus particulièrement les diplômés, qui en paient le prix fort. L’accès à l’emploi demeure un parcours du combattant, avec un taux de chômage qui dépasse largement les seuils tolérables. Cette exclusion persistante alimente le désenchantement et pousse de nombreux jeunes à quitter le pays, aggravant la perte de compétences et d’énergie humaine pourtant nécessaires à tout projet de redressement.

Par ailleurs, la hausse continue des prix — bien qu’en légère décélération — fragilise les ménages et accentue le malaise social. Dans les quartiers populaires comme dans les classes moyennes urbaines, la frustration s’accumule. Les mouvements de contestation se multiplient, nourris par un sentiment d’abandon et d’injustice. L’économie du quotidien devient invivable pour beaucoup, et la fracture entre les décideurs et la population semble de plus en plus difficile à combler.

Un isolement croissant sur la scène internationale

Sur le plan extérieur, le blocage interne nuit gravement à la réputation de la Tunisie. Les investisseurs comme les institutions multilatérales regardent le pays avec prudence, parfois même avec scepticisme. L’absence de réformes tangibles, conjuguée à une gestion perçue comme opaque et imprévisible, nuit à la crédibilité des engagements pris. Ce climat d’incertitude freine les négociations et retarde les soutiens financiers essentiels à la relance.

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La Banque mondiale appelle les autorités à prendre des décisions courageuses, mais réalistes, afin de restaurer une dynamique de confiance. Il ne s’agit pas de bouleverser le système du jour au lendemain, mais d’enclencher un processus clair, cohérent, capable de rassurer à la fois les citoyens, les acteurs économiques et les partenaires internationaux.

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