Rivalité au Maghreb: vers une cyberguerre ?

L’essor du numérique a offert aux institutions de nombreux avantages, mais aussi une vulnérabilité accrue aux cyberattaques. Ces dernières années, de plus en plus d’administrations publiques ont vu leurs systèmes pris pour cibles par des groupes de hackers motivés par des raisons géopolitiques, financières ou idéologiques. Piratage de bases de données, diffusion d’informations confidentielles, atteinte à l’intégrité des infrastructures : autant de pratiques qui complexifient la protection des systèmes étatiques. Au Maghreb, cette problématique prend une tournure alarmante, notamment au Maroc, qui subit une multiplication d’attaques contre ses structures institutionnelles.

Une offensive dirigée contre la Justice

Le ministère marocain de la Justice serait la dernière cible en date du groupe de hackers JabaRoot DZ, qui revendique avoir compromis l’intégralité de son infrastructure numérique. Cette attaque, qui serait survenue le lundi 8 juin, s’inscrit dans une série d’intrusions menées depuis plusieurs mois par le même collectif, qui affirme défendre des intérêts liés à l’Algérie. Les pirates affirment avoir eu accès à des données sensibles concernant environ 5 000 juges et 35 000 fonctionnaires, dont des fiches de salaire et des informations personnelles. Sur leur chaîne Telegram, les membres de JabaRoot DZ ont diffusé plusieurs captures d’écran, annonçant la publication imminente de fichiers confidentiels, ce qui pourrait accroître l’impact de cette opération sur les institutions judiciaires marocaines.

Un contexte de recrudescence des attaques

Ce n’est pas la première fois que le Maroc voit ses institutions ciblées par ce groupe. En avril dernier, la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), les ministères de l’Emploi et de l’Agriculture avaient déjà été attaqués, provoquant la fuite des données personnelles de près de deux millions de salariés. Plus récemment, le 2 juin, c’est l’Agence nationale de la conservation foncière qui avait subi une intrusion, entraînant la publication de milliers de documents relatifs à des transactions immobilières. Le piratage de la plateforme notariale Tawthiq début juin s’inscrit également dans cette dynamique inquiétante, démontrant la capacité de JabaRoot DZ à cibler des services variés et névralgiques de l’administration marocaine.

Réactions officielles et inquiétudes croissantes

Face à cette nouvelle attaque, le ministère de la Justice a contesté toute infiltration, selon des propos relayés par Le360, un média local. Néanmoins, le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSJP) aurait lancé des vérifications pour évaluer l’ampleur potentielle des dommages.

Pour plusieurs spécialistes de la cybersécurité, la répétition de ces intrusions soulève des inquiétudes majeures quant à la résilience des systèmes d’information publics marocains. Certains observateurs n’hésitent pas à évoquer une menace directe à la sécurité nationale, d’autant que les revendications pointent clairement vers un conflit latent entre hackers algériens et institutions marocaines.

Une cyberguerre en filigrane ?

La récurrence des attaques informatiques au Maroc depuis quelques mois ne semble pas relever du simple activisme numérique isolé. Le ciblage systématique d’institutions stratégiques – de la CNSS à la Justice – traduit une volonté de déstabilisation méthodique. En revendiquant ces attaques au nom de la défense d’intérêts algériens, le groupe JabaRoot DZ renforce l’hypothèse d’une cyberguerre à basse intensité entre deux pays voisins aux relations parfois tendues.

Le flou qui entoure les auteurs réels – entre revendications publiques et démentis officiels – complique la riposte. Il devient dès lors crucial pour le Maroc de ne pas se limiter à une posture défensive, mais de bâtir une stratégie de cybersécurité intégrée, mêlant prévention, détection, coopération internationale et communication de crise. En filigrane, ces attaques posent une autre question : celle de la confiance des citoyens dans les institutions numériques. Car à mesure que les systèmes publics se digitalisent, la capacité à les protéger devient un marqueur de souveraineté.

1 réflexion au sujet de « Rivalité au Maghreb: vers une cyberguerre ? »

  1. C EST LE MOSSAD ET NON L ALGÉRIE QUI EST DERRIÈRE CES ATTAQUES EN RAISON DU SOUTIEN MASSIF DU PEUPLE MAROCAIN À GHAZA.

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