Sénégal : Clôture de la première session d’une assemblée sous PASTEF

Lorsque les députés de la 15e législature ont pris place dans l’hémicycle le 2 décembre dernier, peu d’observateurs mesuraient l’ampleur des changements à venir. Portée par une majorité solide de 130 sièges sur 165, la coalition dirigée par PASTEF a rapidement affiché sa volonté de rompre avec les habitudes antérieures en plaçant l’efficacité, la transparence et la redevabilité au centre de l’activité parlementaire. Ce lundi 30 juin marque la fin de leur première session ordinaire unique, un moment symbolique au cours duquel les fruits de cette réorientation ont été présentés dans un format inhabituel pour le Parlement sénégalais : celui de la méthode, des outils et du partage.

Une diplomatie parlementaire active pour marquer l’étape

La cérémonie de clôture s’est déroulée dans une atmosphère à la fois solennelle et tournée vers l’extérieur. Aux côtés des parlementaires sénégalais, les présidents des Assemblées nationales de la Gambie et de la Mauritanie, ainsi qu’un représentant du président de la Chambre des représentants du Maroc, ont été conviés à Dakar. Cette présence diplomatique souligne l’intérêt grandissant que suscite le renouveau institutionnel sénégalais au sein des instances législatives de la région. Elle illustre aussi une ambition plus affirmée de coopération interparlementaire, dans un espace ouest-africain souvent polarisé mais toujours attentif aux innovations institutionnelles de ses voisins.

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Une production documentaire au service du changement

Plutôt que de s’en tenir à des discours de clôture formels, l’Assemblée a choisi de marquer cette fin de session par la diffusion de documents de référence, conçus pour poser les bases d’un nouveau fonctionnement interne. Parmi ceux-ci, un Guide méthodologique consacré à l’évaluation des politiques publiques, un Plan de travail annuel structurant les priorités de l’hémicycle, et une synthèse des réformes engagées depuis décembre. Cette dernière retrace les transformations opérées en matière de contrôle de l’action gouvernementale, de gestion des travaux parlementaires et de communication publique.

Ce choix éditorial n’est pas anodin : il reflète une volonté de rompre avec les approches opaques et les décisions informelles. En proposant une documentation claire et disponible, les responsables parlementaires entendent instaurer un dialogue plus mature avec les citoyens, mais aussi renforcer la culture de l’évaluation dans la gestion des politiques publiques. Une démarche qui engage non seulement les députés, mais aussi l’administration parlementaire, les journalistes, les universitaires et les observateurs internationaux.

Une dynamique à confirmer sur le terrain politique

Au-delà de l’affichage méthodologique, la question de l’impact concret de ces réformes reste centrale. Depuis sa prise de fonction, le président de l’Assemblée nationale, El Malick Ndiaye, a insisté sur la nécessité de faire du Parlement un acteur central de la démocratie sénégalaise, capable de contrôler l’exécutif sans se transformer en simple chambre d’enregistrement. La suppression du CESE et du HCCT, votée dès les premières semaines, a marqué un tournant budgétaire et symbolique. Mais les véritables épreuves se joueront à travers l’utilisation effective des outils aujourd’hui mis en place : capacité à évaluer les politiques publiques, à amender de manière rigoureuse les lois de finances, à rendre compte de manière régulière de l’activité parlementaire.

La session qui s’achève aura donc surtout servi à poser les fondations. La suivante devra démontrer que ces bases permettent réellement de transformer le travail parlementaire en résultats tangibles pour les citoyens. Si le chantier est immense, la méthode affichée laisse entrevoir une volonté politique affirmée. Reste à voir si elle saura résister au poids des habitudes, des rapports de force politiques et des urgences sociales qui jalonneront inévitablement le reste du mandat.

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