Alors que plusieurs voix sur le continent présentent Macky Sall comme le porte-étendard africain pour le poste de Secrétaire général des Nations unies, le gouvernement sénégalais vient de prendre une position : il ne soutiendra pas une telle candidature. Une déclaration de la ministre des Affaires étrangères, Yassine Fall, vient ainsi contraster fortement avec les propos de Siré Sy, conseiller influent de l’ex-président, qui affirmait encore récemment que Sall était le « choix de l’Afrique », adoubé par les principales organisations régionales, de la CEDEAO à l’Union du Maghreb Arabe.
Ce contraste net entre les appuis extérieurs et la réserve nationale soulève plusieurs interrogations. Alors que certaines capitales africaines voient en l’ancien président un profil stratégique pour faire avancer les intérêts du continent à l’échelle globale, Dakar fait preuve de retenue, voire de scepticisme. La divergence n’est pas seulement politique, elle renvoie à des conceptions différentes de ce que représente le poste convoité.
Un poste d’élite aux exigences rigoureuses
Selon la cheffe de la diplomatie sénégalaise, les standards requis pour accéder à la direction des Nations unies ne laissent que peu de place à l’approximation. Elle évoque des critères précis : intégrité sans faille, passé irréprochable, parcours diplomatique éprouvé. En filigrane, une mise en doute à peine voilée de la capacité de Macky Sall à répondre à ces attentes. Cette prise de position jette un froid sur les ambitions de ceux qui espéraient voir le Sénégal porter officiellement la candidature d’un de ses anciens chefs d’État à l’un des rôles les plus visibles de la diplomatie mondiale.
Ce refus n’est pas seulement une posture défensive. Il marque une volonté de dissocier le prestige international du respect des procédures internes, et peut-être de préserver une certaine cohérence institutionnelle, alors que le pays tente de tourner la page d’une transition politique délicate. Il rappelle aussi que le soutien à un candidat ne saurait être automatique, même s’il émane d’anciens cercles du pouvoir.
Entre reconnaissance panafricaine et prudence nationale
Le contraste entre les soutiens venus de l’extérieur et la réponse sénégalaise met en lumière une réalité complexe : l’unanimité affichée par certains acteurs africains ne suffit pas à imposer une candidature. La reconnaissance politique ne peut compenser l’examen rigoureux que requiert une fonction à l’échelle de l’ONU. Et cette fois, la capitale sénégalaise choisit de ne pas céder à l’émotion ou à la logique du clan.
Cette position pourrait être interprétée comme une volonté de marquer une rupture avec les méthodes du passé. Le nouveau pouvoir affirme ainsi qu’il ne souhaite pas cautionner une ambition jugée déconnectée des critères objectifs que cette responsabilité implique. Et ce, même si d’autres États africains se mobilisent en faveur de Macky Sall.
Laisser un commentaire