Sénégal : Deux partisans de PASTEF reconnus coupables

photo : DR

Avant que la justice ne tranche, Ousmane Sonko s’était rendu en personne auprès d’Assane Guèye, connu sous le pseudonyme d’Azoura Fall, et d’El Hadji Ousseynou Kaïré. Ce geste, bien plus qu’un simple soutien moral, témoignait de l’importance que le leader de PASTEF accordait à ses militants incarcérés. L’image de Sonko dans les couloirs du centre de détention avait marqué les esprits : il venait saluer ceux qui, à ses yeux, étaient restés loyaux dans l’épreuve. Cette démarche s’inscrivait dans un moment politique tendu, où chaque geste public résonne comme un message destiné autant à ses partisans qu’à ses adversaires.

Un procès sous tension et une défense étoffée

Le dossier judiciaire qui visait Azoura Fall et Ousseynou Kaïré reposait principalement sur une vidéo diffusée en ligne, dans laquelle les deux militants s’en prenaient à l’ex-président Macky Sall à travers des propos jugés offensants et contraires à la décence publique. L’accusation évoquait une atteinte à la morale, dans un climat politique encore sensible après les troubles ayant marqué les dernières années. Malgré la défense d’Azoura Fall, qui invoquait une altération mentale pour expliquer ses agissements, le tribunal a écarté cette hypothèse, estimant qu’aucun élément médical n’attestait d’un trouble compromettant sa responsabilité pénale selon le journaliste @Cissé_Maps sur le réseau X.

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Pour soutenir les deux accusés, un collectif d’une vingtaine d’avocats, dont plusieurs visages familiers des procès liés à PASTEF, a pris la parole. L’ampleur de la défense témoigne de la portée politique que beaucoup ont prêtée à ce procès. Au fil des audiences, les échanges ont parfois frôlé l’affrontement idéologique, les plaidoiries allant bien au-delà des faits reprochés pour évoquer les tensions persistantes entre pouvoir judiciaire et engagement militant.

Une peine symbolique et des lendemains à surveiller

Le verdict est tombé le 4 juin 2025 : six mois de prison avec sursis pour les deux militants. Cette peine, si elle les préserve d’un retour immédiat derrière les barreaux, reste lourde de conséquences. Elle demeure une condamnation inscrite dans leurs casiers et pourrait peser dans leurs futures activités politiques. Pour Azoura Fall, qui avait obtenu une liberté provisoire le 21 mai, le soulagement s’est mêlé à une frustration palpable. L’expression de colère qu’il avait manifestée à l’ouverture du procès – tentant de se déshabiller en pleine salle d’audience – avait révélé une tension psychologique intense, à la fois personnelle et politique.

Cette affaire illustre la manière dont les clivages politiques au Sénégal peuvent basculer dans le champ judiciaire. Elle soulève aussi une question récurrente : jusqu’où peut aller la liberté d’expression lorsqu’elle flirte avec la provocation ? À l’heure où les débats politiques se jouent autant dans les tribunaux que sur les réseaux sociaux, ce procès rappelle que les mots, dans certains contextes, peuvent coûter cher.

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