Sénégal : Énergie et formation lors de la visite chinoise du Premier ministre

Du 24 au 26 juin 2025, Ousmane Sonko prend part au Forum économique mondial d’été à Tianjin, l’un des plus grands rendez-vous internationaux en matière de transformation économique. Sur place, il n’a pas limité sa présence à la tribune. Le Premier ministre sénégalais a multiplié les échanges bilatéraux pour donner corps à sa vision d’un développement ancré dans la maîtrise des ressources nationales et la montée en compétence des citoyens. À travers cette visite, il a cherché à aligner ambitions géostratégiques et besoins structurels : un dialogue avec la Chine tourné autant vers les hydrocarbures que vers l’éducation technique.


Le pari de la compétence technique

L’un des moments marquants de la visite a été la rencontre avec le vice-maire de Tianjin, Wang Baoyu, autour d’une proposition concrète : initier une coopération éducative fondée sur les “Ateliers Luban”, structures chinoises réputées dans le domaine de la formation professionnelle. Ces centres, qui mêlent apprentissage pratique et transfert technologique, pourraient devenir une passerelle entre les besoins industriels du Sénégal et l’offre pédagogique chinoise. Il est envisagé d’envoyer des techniciens sénégalais en immersion dans ces ateliers, avec pour objectif de développer ensuite des centres similaires sur le territoire national.

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Ce projet revêt une importance particulière dans le contexte actuel. Le Sénégal, engagé dans une transformation de son tissu économique, aura besoin d’ingénieurs, d’électromécaniciens, de spécialistes en automatisation, bien au-delà de ce que les formations classiques peuvent actuellement fournir. Miser sur ce type de coopération, c’est chercher à combler l’écart entre les ambitions industrielles et les ressources humaines disponibles.


Dialogue énergétique au sommet

L’autre axe fort de la visite a concerné l’énergie. Accompagné de membres de son gouvernement, Ousmane Sonko a eu un entretien stratégique avec Dai Houliang, le président de la puissante China National Petroleum Corporation (CNPC). Les discussions ont porté sur l’appui potentiel de la Chine aux projets pétroliers et gaziers sénégalais, à un moment où les premières exploitations offshore se profilent. Au-delà des aspects techniques ou financiers, ces échanges pourraient ouvrir la voie à un partenariat structurant autour de la transformation locale des ressources, un enjeu central pour que les retombées économiques ne se limitent pas à l’extraction brute.

La volonté affichée est de ne plus exporter uniquement du brut, mais de favoriser les chaînes de valeur sur place : raffinage, transport, maintenance. Cela implique, encore une fois, des compétences humaines solides. D’où le lien naturel entre les discussions énergétiques et les efforts de formation évoqués lors de cette tournée chinoise.


En articulant ainsi projets éducatifs et énergétiques, le Premier ministre semble vouloir établir un modèle de coopération plus équilibré, où les infrastructures et les savoirs avancent de pair. Derrière les protocoles diplomatiques et les poignées de main officielles, c’est une stratégie de fond qui se dessine : transformer les ressources du sous-sol et les aspirations de la jeunesse en un moteur commun de souveraineté. Si les engagements pris à Tianjin débouchent sur des actions concrètes, cette visite pourrait marquer un jalon dans la redéfinition du partenariat sino-sénégalais.

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