Sénégal : Farba Ngom, entre expertise médicale et scepticisme judiciaire

La liberté provisoire sollicitée par Farba Ngom fait toujours l’objet d’un intense débat au sein de l’appareil judiciaire sénégalais. Incarcéré dans le cadre d’une enquête du Pôle financier, l’élu fait valoir des raisons de santé pour demander à être libéré. Mais entre rapport médical, réserves du parquet et rejet de l’État, le sort du député reste suspendu à l’appréciation souveraine d’un juge.

Une requête déjà repoussée par l’État

Avant même que le dossier médical ne soit évoqué, l’Agent judiciaire de l’État avait opposé un refus catégorique à une première demande de mise en liberté. Ce rejet, intervenu en avril selon les révélations du journal Libération, a donné le ton d’un traitement rigoureux du cas Ngom. Les autorités étatiques semblent considérer que les motifs invoqués jusqu’ici ne sont pas suffisamment solides pour justifier une remise en liberté, en dépit de la stature publique du mis en cause. Cette position initiale continue de peser dans les équilibres décisionnels qui entourent cette affaire sensible.

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Une expertise favorable mais sous surveillance

Le rapport commandé par la justice et remis mi-mai par le professeur Alassane Mbaye est venu remettre la santé de Farba Ngom au centre de la procédure. Le document conclut à une incompatibilité entre l’état de santé du détenu et les conditions de détention. Cette conclusion, qui aurait pu faire basculer la balance en faveur de l’intéressé, n’a pas totalement convaincu. Le Parquet financier, prudent, a immédiatement appelé à une contre-expertise. En creux, il y a la crainte que l’argument médical serve à contourner une procédure judiciaire en cours. Cette demande de vérification indépendante révèle un manque de consensus entre les parties sur la gravité réelle du risque sanitaire encouru.

Au cœur de cette controverse, le juge d’instruction désigné devra se prononcer sans céder aux pressions ni politiques ni émotionnelles. Il détient seul le pouvoir de libérer ou de maintenir Farba Ngom en détention. Ce choix ne sera pas anodin : il devra arbitrer entre le respect des droits fondamentaux d’un détenu malade et la nécessité de préserver la crédibilité de la justice dans une affaire à fort retentissement. Dans tous les cas, cette séquence démontre combien la question du traitement judiciaire des personnalités publiques continue d’interroger les équilibres entre justice, humanité et responsabilité.

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