Le décès de Mamadou Baldé, ancien détenu politique de 30 ans, a ravivé la douleur et la colère dans les rangs du Collectif des ex-détenus politiques et victimes des événements de 2021 à 2024. Mort à Sicap Karack, le jeune homme laisse derrière lui des proches meurtris et un collectif qui pointe du doigt l’État, accusé d’avoir manqué à ses responsabilités les plus fondamentales. Cette disparition tragique remet en question les engagements pris par les autorités en matière de prise en charge des séquelles liées aux répressions de ces années noires.
Un soutien promis, mais des vies encore en péril
En juillet 2024, un comité officiel avait été mis en place pour identifier et accompagner les victimes des violences politiques survenues entre 2021 et 2024. Une enveloppe de plus de 142 millions de francs CFA avait été annoncée, destinée à couvrir les besoins médicaux de 123 personnes dont les dossiers avaient été validés. Ce chiffre, bien que symbolique, représentait l’espoir d’un début de reconnaissance pour des citoyens marqués à vie par les détentions abusives, les blessures physiques et les traumatismes psychologiques.
Mais pour les membres du Collectif CODEPS, ce cadre de réparation reste en grande partie théorique. Le décès de Mamadou Baldé est perçu comme la preuve douloureuse de la défaillance du dispositif. Selon leurs membres, les lenteurs administratives, le manque de coordination entre les institutions concernées et l’absence d’un suivi réel ont transformé les promesses officielles en un catalogue de frustrations. Mamadou, fils unique d’une famille modeste, avait besoin d’une assistance médicale régulière depuis sa sortie de prison. Il ne l’a pas obtenue à temps.
Une mort qui devient symbole
Au-delà de la perte individuelle, la mort de Mamadou Baldé est en train de devenir un point de ralliement pour les anciens détenus et leurs familles. Pour eux, il ne s’agit plus seulement de dénoncer un drame isolé, mais de mettre en lumière un système qui continue d’ignorer les conséquences humaines de la violence politique. En accusant directement le chef du gouvernement et le ministère de la Santé, le collectif cherche à provoquer une prise de conscience publique et à poser la question de la responsabilité politique de manière frontale.
Le silence ou l’inaction des institutions ne font qu’alimenter cette colère. Comment expliquer qu’un citoyen reconnu officiellement comme victime ne bénéficie toujours pas d’un accès fiable aux soins nécessaires à sa survie ? À cette interrogation, les proches de Mamadou n’attendent plus de discours : ils veulent des actes, des soins pour les autres survivants, et des garanties concrètes pour que plus personne ne meure dans l’attente.
Face à cela, le Collectif des ex-détenus affirme vouloir redoubler d’efforts pour obtenir non seulement la reconnaissance de la responsabilité de l’État, mais aussi des réponses immédiates. Des rassemblements sont envisagés, des lettres ouvertes préparées, des alliances recherchées avec les organisations de défense des droits humains.
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