Dans le quartier de Yeumbeul-Nord, la colère monte. Le décès de Mor Seck, jeune habitant de la commune, secoue la banlieue dakaroise. Ce dernier aurait succombé à des coups portés lors d’une intervention de la brigade de recherches, selon les propos bouleversants de son frère aîné, relayés dans une vidéo largement partagée en ligne. Dans un récit direct, il décrit une scène de violence extrême, survenue lors d’une simple vérification d’identité : un policier aurait, selon ses mots, frappé Mor Seck à la tête avec une intensité telle qu’il n’aurait pas pu se relever. Transporté d’urgence au centre hospitalier Aristide Le Dantec, il est décédé peu après.
Ce témoignage ne se limite pas à l’émotion. Il reflète une réalité plus large : le sentiment d’abandon et d’abus que ressentent de nombreux jeunes dans certains quartiers populaires lorsqu’ils font face aux forces de l’ordre. À Yeumbeul, beaucoup estiment que le dialogue est rompu, que l’autorité s’exprime davantage par la force que par la médiation, et que la moindre friction peut dégénérer.
La police tente de contenir la tension
Face à l’onde de choc provoquée par la diffusion de la vidéo, le commissariat de Yeumbeul-Comico a réagi rapidement. Une enquête interne a été ouverte et les frais médicaux de la victime ont été pris en charge dans l’urgence. Cette réactivité vise à désamorcer les tensions, dans un climat où la méfiance envers les institutions peut s’enflammer en quelques heures. Toutefois, cette réponse, jugée tardive par certains proches, n’a pas suffi à apaiser les esprits dans le quartier.
Des voix s’élèvent désormais pour demander que la lumière soit faite sur les conditions exactes de l’intervention, et que les responsabilités soient établies avec rigueur. Pour beaucoup, ce nouveau drame rappelle d’autres affaires similaires, où des bavures ont été signalées sans toujours déboucher sur des sanctions concrètes.
Vers une réponse institutionnelle durable ?
Au-delà de l’enquête en cours, l’affaire relance le débat sur la formation des agents de terrain, la gestion des interpellations et la nécessité d’un contrôle indépendant des pratiques policières. Dans les rues de Yeumbeul, on ne parle pas de réforme abstraite, mais de vies qui basculent pour un contrôle de routine. La répétition de ce type de situations alimente un cycle d’hostilité, rendant plus difficile chaque jour le retour de la confiance entre forces de sécurité et jeunes urbains.
Si l’enquête établit la responsabilité directe d’un agent, le défi ne sera pas seulement judiciaire : il sera politique, social et moral. Redonner sens à la présence policière, renforcer l’encadrement des interventions, mais aussi entendre les communautés concernées sont des pistes de sortie que de nombreux observateurs appellent à concrétiser.
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