Sénégal : L’appel à candidature comme piste de bonne gouvernance

La gouvernance des établissements publics et agences d’exécution suscite aujourd’hui une remise en question profonde. Au sortir du dernier Conseil des ministres, le Premier ministre Ousmane Sonko a mis en lumière des dysfonctionnements jugés préoccupants, pointant du doigt la faible performance de plusieurs entités relevant du secteur public. Cette situation, bien qu’héritée de pratiques anciennes, devient un frein manifeste à l’efficacité de l’action publique, notamment dans les domaines vitaux comme l’énergie, l’agriculture, la santé ou encore les infrastructures.

Dans cette dynamique de réforme, plusieurs voix s’élèvent pour proposer des solutions durables. Parmi elles, celle du Dr Lansana Gagny Sakho, président du conseil d’administration de l’APIX, qui plaide pour une redéfinition des règles de recrutement et de gestion des directions générales. Il évoque notamment la mise en place de contrats de performance, appuyés par des lettres de mission claires et des mandats assortis d’objectifs mesurables, comme cela se fait déjà dans certains pays africains.

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Le modèle ivoirien comme source d’inspiration

À travers l’exemple de la Côte d’Ivoire, où les directeurs généraux sont sélectionnés sur la base d’appels à candidature ouverts, Dr Sakho illustre une alternative crédible à la cooptation politique souvent décriée au Sénégal. Ce modèle, qui repose sur la mise en concurrence des compétences, offre une double garantie : d’une part, celle de choisir des profils techniquement qualifiés, et d’autre part, celle d’assurer une forme d’indépendance managériale favorable à l’innovation et à la responsabilité.

Cette approche permettrait aussi de restaurer la confiance du public dans le service de l’État, souvent perçu comme une forteresse opaque. En soumettant les postes de direction à des critères transparents, le gouvernement adresserait un signal fort quant à sa volonté de rompre avec les pratiques de nomination arbitraire et de clientélisme administratif.

Vers un nouveau contrat de gestion publique

Réformer la gouvernance, ce n’est pas seulement changer les visages à la tête des structures. C’est surtout installer une culture de résultat fondée sur des indicateurs clairs, des mécanismes d’évaluation et une obligation de rendre compte. À ce titre, l’appel à candidature n’est qu’une pièce d’un puzzle plus vaste qui implique aussi de revoir les modes de financement, la supervision des conseils d’administration et l’autonomie opérationnelle des directions.

Si la transition politique a nourri beaucoup d’attentes en matière de rupture, le défi de la gouvernance publique demeure un chantier prioritaire. Ousmane Sonko et son gouvernement semblent conscients de cette urgence. Reste à voir si les propositions avancées, comme celle portée par le PCA de l’APIX, connaîtront une mise en œuvre concrète et soutenue dans le temps. Le passage d’une gestion de connivence à une gestion de compétence pourrait en effet marquer un tournant décisif pour la modernisation de l’État sénégalais.

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