Sénégal : Le gouvernement relance la bataille des archives

Alors que les États s’appuient de plus en plus sur la mémoire documentaire pour orienter les politiques publiques, le Sénégal mise sur une réforme ambitieuse de ses archives nationales. Profitant de la Semaine des archives, célébrée du 10 au 13 juin, les autorités ont réaffirmé leur volonté de moderniser la gestion des documents publics. Une priorité désormais inscrite à l’agenda présidentiel.

Un programme d’ampleur pour reconstruire la mémoire administrative

Le Conseil des ministres du 12 juin 2024 a été l’occasion pour le président Bassirou Diomaye Faye de poser les jalons d’un projet structurant : la création d’une Maison des Archives moderne, dotée de capacités techniques adaptées à la conservation et à la numérisation des documents d’intérêt national. Ce chantier sera complété par l’ouverture progressive de bibliothèques à l’échelle nationale, régionale et départementale, afin d’élargir l’accès aux ressources documentaires publiques.

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Parallèlement, les administrations devront renforcer leur expertise interne avec le recrutement ciblé d’archivistes et de documentalistes. L’objectif affiché est de doter les services de l’État d’une capacité de traitement et de préservation des archives conforme aux standards contemporains, en intégrant les défis du numérique, de la sécurité de l’information et de la transparence.

L’appel à sécuriser un patrimoine vulnérable

Cette dynamique intervient dans un contexte marqué par les alertes récurrentes des professionnels du secteur. Mohamed Lat Sack Diop, intervenant à l’occasion de la Journée nationale des archives, a rappelé l’urgence de sauvegarder un patrimoine menacé de disparition. De nombreux fonds historiques sont encore stockés dans des conditions précaires, exposés à l’humidité, aux incendies ou à des pertes irréversibles par négligence ou manque de moyens.

La dématérialisation des documents est perçue comme une réponse essentielle, mais elle nécessite des infrastructures, des équipements et des compétences qui font encore défaut dans plusieurs ministères. Pour les experts, l’inaction sur ce front mine la continuité administrative, bloque l’accès à l’information publique et alimente des dysfonctionnements dans des domaines aussi sensibles que la justice foncière ou la reddition des comptes.

Une mémoire au service de l’action publique

Au-delà de la technique, les archives sont aussi un levier politique. Leur absence ou leur fragmentation peut freiner l’évaluation des politiques publiques, la lutte contre la corruption et la transmission du savoir administratif. En relançant ce chantier, les autorités sénégalaises entendent affirmer que la mémoire documentaire est un socle indispensable à la transformation de l’État.

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Cette volonté de modernisation, couplée à une volonté de gouvernance plus rationnelle et mieux documentée, pourrait marquer un tournant dans la gestion publique sénégalaise. Reste à savoir si les engagements institutionnels tiendront face aux contraintes budgétaires et aux lenteurs de mise en œuvre souvent observées dans le domaine. Mais pour l’heure, le cap est fixé : restaurer l’archive pour mieux construire l’avenir.

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