Sénégal : Le Magal de Touba face à l’urgence de l’eau et de l’assainissement

Touba - Sénégal

À deux mois de la célébration du 130e Magal, la ville sainte de Touba entre dans une phase critique de préparation. Lors de la réunion tenue à Diourbel entre autorités administratives et représentants de la communauté mouride, un appel fort a été lancé au gouvernement : nettoyer les canaux d’évacuation avant le 12 août. Ce n’est pas une simple formalité logistique, mais une priorité vitale dans une ville où l’arrivée massive de pèlerins met chaque année à rude épreuve les capacités d’assainissement.

Le porte-parole du khalife général des mourides, Serigne Bassirou Abdou Khadre Mbacké, a exprimé l’inquiétude croissante face au manque d’anticipation des autorités en matière de curage et de gestion des eaux usées. Avec les premières pluies de l’hivernage déjà entamées, l’enjeu n’est pas seulement religieux ou symbolique, il est aussi sanitaire. L’état des infrastructures d’assainissement détermine directement la qualité du séjour pour des millions de fidèles attendus.

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Un ministère sous pression dans une ville au cœur des mobilisations

Le ministère de l’Hydraulique, mis en place à la suite de l’arrivée au pouvoir du président Diomaye Faye, connaît là l’un de ses premiers tests grandeur nature. L’année dernière, à peine quatre mois après sa prise de fonction, le nouveau ministre avait déclaré qu’il ne serait pas possible de résoudre tous les problèmes en quelques semaines. Il avait néanmoins garanti que de l’eau serait disponible durant le Magal, malgré les limites structurelles du réseau.

Ce discours prudent résonne aujourd’hui avec un accent particulier, car les attentes n’ont pas faibli. Touba n’est pas seulement un centre spirituel, c’est aussi un laboratoire à ciel ouvert pour évaluer l’efficacité de l’État face aux défis logistiques dans les grandes concentrations humaines. Le décalage entre les ambitions gouvernementales et la réalité du terrain devient de plus en plus difficile à justifier, notamment pour des populations qui voient chaque année les mêmes problèmes réapparaître : inondations, ruptures d’eau, encombrement des canaux.

L’équation du Magal entre ferveur et précarité

Le Magal de Touba est l’un des plus grands rassemblements religieux d’Afrique de l’Ouest. À cette occasion, des millions de personnes affluent vers la ville, décuplant les besoins en eau potable, en hygiène et en voirie. Mais malgré son importance nationale, cette commémoration reste soumise à des obstacles structurels qui peinent à être levés. Le curage des canaux, demandé une nouvelle fois par les autorités religieuses, apparaît comme une solution minimale, mais symbolique : il s’agit d’un geste attendu pour montrer que l’État est à l’écoute, même en dehors de la capitale.

Pour éviter que les mêmes griefs ne se répètent cette année, des solutions pérennes sont urgentes. Le renforcement des systèmes d’évacuation, la modernisation du réseau hydraulique et une véritable planification à long terme sont désormais incontournables. Le Magal ne peut plus se contenter d’expédients de dernière minute. Il devient un baromètre de la capacité du Sénégal à répondre aux besoins de ses citoyens dans les moments de grande affluence.

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Face à l’immensité de l’événement, les réponses ponctuelles ne suffisent plus. Ce sont des politiques ambitieuses, coordonnées et ancrées dans la réalité locale qui permettront à Touba de conjuguer spiritualité et dignité humaine.

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