Le secteur touristique sénégalais aborde un tournant. Après des années d’objectifs hérités du précédent gouvernement, dont celui des trois millions de visiteurs visés, les autorités actuelles redéfinissent les priorités. Le ministre du Tourisme, Mountaga Diao, préfère parler de transformation qualitative plutôt que de course aux chiffres. Son ambition : faire du tourisme un levier de développement local, un terrain de professionnalisation pour les jeunes, et un outil de rayonnement pour les régions encore en marge des circuits classiques.
C’est dans cet esprit que s’inscrit la Convention annuelle du CEDIV Travel, qui se tient du 23 au 29 juin 2025 à Pointe Sarène. Plus de 200 voyagistes français, réunis par ce réseau influent d’agences indépendantes, parcourent pendant une semaine les sentiers écotouristiques du pays, découvrent les savoir-faire locaux et testent l’hospitalité sénégalaise dans toute sa diversité. Le ministère mise sur ce type de rencontres ciblées pour tisser des liens solides avec les marchés émetteurs, en misant sur la qualité, la durabilité et l’authenticité de l’expérience.
L’écotourisme comme signature nationale
À travers cette convention, le Sénégal expose son ambition : sortir d’une image figée et proposer une palette plus riche de destinations. Les plages de la Petite-Côte ne sont plus seules à porter l’offre. Le Sine-Saloum, les zones forestières, les villages artistiques, les produits du terroir deviennent les nouveaux ambassadeurs du pays. Le directeur de l’Agence sénégalaise de promotion touristique, Dr Adama Ndiaye, souligne l’importance d’un partenariat stratégique avec les professionnels étrangers. Pour lui, la valorisation du patrimoine naturel et humain passe par une coopération solide avec les voyagistes, mais aussi par l’engagement des populations locales.
Les circuits proposés cette semaine n’ont rien d’anecdotique. Ils traduisent une volonté de rééquilibrer le tourisme, de le rendre plus inclusif et plus respectueux des territoires. Cette vision résonne avec la stratégie portée par Mountaga Diao : un tourisme responsable, soutenu par des acteurs formés, organisé autour de pôles régionaux, et connecté aux enjeux économiques, culturels et environnementaux du Sénégal contemporain.
Réputation, qualité et gouvernance du secteur
La hausse des arrivées – près de 1,8 million de visiteurs enregistrés fin 2023 – et le doublement des recettes touristiques en quelques années témoignent d’un regain d’intérêt pour la destination Sénégal. Mais derrière ces chiffres se cachent encore de nombreux défis. Le secteur souffre d’une dispersion des données, d’un accès limité à certaines régions, de services inégaux, et d’un manque de structuration des métiers de l’hospitalité.
C’est précisément sur ces points que le nouveau cap ministériel veut agir. Formation, normes, suivi de la qualité, attractivité hors saison : le chantier est vaste mais indispensable. Car le tourisme sénégalais ne pourra réellement changer d’échelle qu’en gagnant la confiance des visiteurs par la constance de son service et l’intelligence de son offre.
La présence du CEDIV au Sénégal est donc plus qu’un événement. C’est une opportunité de repositionnement stratégique. En faisant le pari de la sincérité plutôt que de la quantité, le Sénégal affirme son ambition d’être reconnu non pour son volume touristique, mais pour sa capacité à accueillir, à transmettre et à faire vivre une expérience ancrée dans ses réalités. Un pari exigeant, mais porteur de promesses durables.
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