Quand Akon annonçait en fanfare, en 2020, la construction d’une ville « inspirée de Wakanda », les projecteurs se tournaient vers Mbodiène, localité paisible de la Petite Côte sénégalaise. Il y voyait s’élever Akon City, une cité high-tech alimentée à l’énergie solaire, fonctionnant à la crypto-monnaie Akoin, et couvrant plus de 800 hectares mis à disposition par la Société d’aménagement et de promotion des côtes et zones touristiques du Sénégal (SAPCO). L’ambition était à la mesure du battage médiatique : routes intelligentes, hôpitaux dernier cri, universités numériques, complexes touristiques et logements modernes pour des milliers de futurs habitants.
Mais derrière le vernis des vidéos promotionnelles, le site est resté figé. En cinq ans, seuls un centre d’accueil et un terrain de basket ont vu le jour, comme des vestiges inachevés d’une idée qui n’a jamais réellement quitté le papier. Aucun bulldozer, aucune fondation de logements, aucune centrale solaire. Le terrain est toujours nu, les espoirs suspendus, et la date de livraison initiale – 2023 – vite repoussée à 2025, puis oubliée.
Une rupture discrète mais définitive
L’annonce est tombée comme une évidence dissimulée : Akon City n’existe plus. C’est en ces termes que le directeur général de la SAPCO, M. Mboup, a clarifié la situation lors d’un entretien accordé à l’APS. Il évoque un « accord trouvé » entre l’État et le promoteur Alioune Badara Thiam, nom civil du rappeur. Aucun conflit ouvert, aucune procédure judiciaire, juste un constat de non-réalisation et une volonté partagée de tourner la page.
Le retrait du projet ne devrait pas surprendre les observateurs avertis. Depuis des mois, les autorités s’inquiétaient de l’inertie du chantier et de l’absence de clarté sur les financements annoncés. L’impatience gagnait du terrain, et la SAPCO envisageait déjà de récupérer une partie des terrains non utilisés. Le projet, présenté comme une vitrine du Sénégal moderne, a perdu son souffle sans jamais vraiment prendre vie.
Quelles suites pour Mbodiène et le site abandonné ?
La question centrale demeure : que faire du terrain laissé en friche ? La zone, située à proximité d’axes touristiques majeurs et de la future zone des Jeux Olympiques de la Jeunesse 2026, représente un atout stratégique. Un autre projet immobilier piloté par la SAPCO y est annoncé.
Si l’histoire d’Akon City finit ici, elle laissera une leçon claire : au-delà des idées spectaculaires, les projets de développement ont besoin de bases solides, d’engagements financiers vérifiés et d’un respect strict des délais et des populations locales. Le mirage est dissipé, place maintenant à la reconstruction du réel.
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