Sénégal : les chiffres clés des rapports trimestriels 2024 – 2025

Accusé de retards dans la diffusion de ses données financières, le ministère sénégalais des Finances a finalement publié, le 23 juin, deux rapports cruciaux couvrant la fin de l’exercice 2024 et le début de l’année 2025. Cette démarche intervient après plusieurs critiques formulées par la Cour des comptes, notamment sur la gestion opaque de certaines dépenses reportées d’un exercice à l’autre. Pour restaurer la confiance et renforcer la transparence, le gouvernement a engagé une réforme structurelle : toutes les dépenses doivent désormais être comptabilisées dans l’année où elles sont effectivement engagées. Ce changement de méthode impacte directement la manière dont sont établis les Tableaux des Opérations Financières de l’État (TOFE), aujourd’hui utilisés pour ces rapports.

Croissance des recettes fiscales, chute des dons

Le premier trimestre 2025 montre des résultats globalement encourageants. Les recettes totales atteignent 1 027,82 milliards FCFA, soit 21,44 % des prévisions annuelles. Cette performance traduit une progression notable de près de 10 % par rapport à la même période en 2024. Les impôts constituent l’épine dorsale de cette dynamique, avec 960,26 milliards récoltés (+11,6 %), tandis que les recettes non fiscales progressent également de manière marquée (+24,4 %).

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En revanche, les ressources extérieures sont en chute libre : seuls 8 milliards de dons ont été mobilisés, soit à peine 3,27 % de l’objectif fixé à 245 milliards. Cette baisse drastique, supérieure à 70 %, souligne une vulnérabilité croissante vis-à-vis du financement externe. Une dépendance que les autorités cherchent visiblement à réduire en stabilisant la collecte interne.

Une exécution budgétaire toujours sous pression

Du côté des dépenses, l’État a engagé 1 419,45 milliards FCFA sur les trois premiers mois de l’année, ce qui correspond à 22,14 % du budget annuel ouvert. Les charges récurrentes, telles que les salaires (357,07 milliards) et la dette (225,24 milliards), continuent de peser fortement. À elles seules, elles absorbent plus de la moitié des dépenses ordinaires, estimées à 1 130,89 milliards. Les transferts sociaux, pour leur part, atteignent 463,93 milliards, témoignant d’une politique de soutien encore active envers les ménages et secteurs vulnérables.

Les investissements sont, quant à eux, limités à 288,57 milliards, soit un peu moins de 14 % des prévisions, dont 103,37 milliards financés sur fonds internes. Ce retard dans l’exécution des projets d’infrastructure pourrait refléter des contraintes administratives, mais aussi la prudence budgétaire observée depuis le début de l’année.

Un quatrième trimestre 2024 marqué par la surperformance

En comparaison, la fin de l’année 2024 avait enregistré une surperformance globale. Les recettes avaient dépassé les attentes à 4 005,21 milliards FCFA, pour un taux d’exécution de 103,91 %, et les dépenses avaient atteint 6 506,16 milliards, avec un taux similaire (103,70 %). Cette suractivité financière en fin d’exercice a probablement participé aux ajustements opérés en 2025 pour fiabiliser les données et éviter les dépassements.

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Le Fonds National de Retraite (FNR), souvent utilisé comme indicateur de la santé des engagements sociaux de l’État, est resté excédentaire sur les deux périodes. L’excédent du premier trimestre 2025 s’élève à 11,70 milliards, avec des recettes à 45,17 milliards contre 33,47 milliards de dépenses. Au 4ᵉ trimestre 2024, l’exécution des crédits du FNR atteignait 83,91 %.

En renforçant la rigueur comptable et en publiant ses rapports à temps, le ministère des Finances cherche à rétablir la confiance dans la gestion publique. Mais les défis restent nombreux : baisse inquiétante de l’aide extérieure, faible niveau d’investissement réel, poids croissant des charges structurelles… Autant de signaux que le gouvernement devra surveiller de près pour ne pas compromettre les ambitions affichées en matière de relance économique et d’équité sociale.

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