Le Sénégal vient d’obtenir un soutien financier d’envergure de la Banque mondiale, à hauteur de 115 millions de dollars, dans un contexte budgétaire tendu et sous surveillance internationale. Cette enveloppe intervient alors que le pays cherche à rétablir la confiance après la révélation d’une dette publique bien plus lourde qu’annoncé sous le précédent gouvernement. Selon les dernières évaluations du FMI, le poids réel de la dette sénégalaise frôle désormais les 100 % du PIB, bien au-delà des chiffres officiellement communiqués jusqu’ici. Dans ce climat de méfiance budgétaire, les partenaires au développement conditionnent désormais leur appui à la preuve de réformes structurelles et mesurables.
Trois axes de transformation de l’État
Le programme financé par l’Association internationale de développement (IDA), branche de la Banque mondiale, s’articule autour de trois axes stratégiques. Le premier vise la modernisation du système budgétaire à travers l’introduction d’outils numériques pour la transparence et la gestion automatisée des finances publiques. Cette transformation est attendue pour assainir le circuit de dépenses publiques, longtemps marqué par des procédures opaques et des doublons administratifs.
Le deuxième objectif concerne la dette : un suivi intégré et digitalisé doit permettre aux autorités de disposer en temps réel d’un inventaire exhaustif des engagements de l’État. Cet effort est perçu comme crucial, notamment pour éviter la répétition des écarts constatés entre dette déclarée et dette réelle. Le troisième pilier porte sur les recettes : l’État ambitionne de maximiser la collecte fiscale et douanière en renforçant la digitalisation, limitant ainsi les fuites et les pratiques frauduleuses à la base.
Une assistance technique pour muscler les capacités locales
Sur les 115 millions accordés, 10 millions sont spécifiquement réservés à l’assistance technique. Ils serviront à accompagner l’administration dans cette transformation, en fournissant à la fois expertise, formation et outils de pilotage. Le volet institutionnel inclura aussi des programmes de gestion du changement pour assurer l’adhésion des personnels concernés et réduire les résistances internes. La Banque mondiale met ici l’accent sur la nécessité de doter le Sénégal non seulement de technologies mais aussi de compétences, condition essentielle à la réussite du processus.
Cette injection financière, bien que salutaire, ne se fera pas à blanc : elle est soumise à une logique de performance. En clair, les décaissements ne seront possibles que si le pays démontre sa capacité à avancer vers les objectifs fixés. Une exigence partagée par le FMI qui, depuis la découverte de la dette cachée, exige des garde-fous plus solides avant toute reprise de son propre programme d’aide. Pour Dakar, le message est limpide : l’ère des engagements sans comptes à rendre touche à sa fin.
Laisser un commentaire