Le gouvernement sénégalais a procédé à une révision de son budget 2025, adoptée par l’Assemblée nationale le 27 juin. Cette réorientation financière découle d’une baisse des recettes estimées à 4 884,3 milliards de FCFA, contre 5 014,3 milliards initialement prévues. Une contraction de 130 milliards qui s’explique par un ralentissement économique mondial, une inflation persistante et des difficultés de mobilisation des ressources. Côté dépenses, un ajustement modéré est observé, avec une réduction de 34,5 milliards. Mais c’est surtout le déficit budgétaire qui interpelle : il atteint désormais 7,82 % du PIB, contre 7,08 % auparavant, signal d’un État qui cherche à maintenir sa capacité d’intervention malgré des marges de manœuvre plus étroites.
Trois priorités pour restaurer la stabilité
Face à ces contraintes, le gouvernement articule son action autour de trois axes : restaurer la confiance, stimuler l’investissement et renforcer la souveraineté économique. Une enveloppe de 500,9 milliards de FCFA sera consacrée à l’apurement des arriérés dus aux entreprises privées. Ce geste vise à désamorcer les tensions de trésorerie dans le secteur productif et à relancer l’activité économique en favorisant un climat de confiance.
Parallèlement, les dépenses non prioritaires seront comprimées pour libérer des marges en faveur d’investissements structurants. Des partenariats internationaux seront recherchés pour financer les secteurs de la santé, de l’agriculture et du numérique. Le gouvernement souhaite ainsi accélérer les transformations jugées critiques pour la résilience du pays, notamment en matière de sécurité alimentaire et d’accès aux services publics essentiels.
Le soutien au secteur privé est également renforcé à travers une réforme du Code des investissements et la promotion de partenariats public-privé. L’objectif est de stimuler la production locale et de sécuriser les chaînes d’approvisionnement. Un effort particulier sera porté sur l’agriculture, afin de réduire la dépendance aux importations et d’absorber une partie de la pression sociale.
Endettement maîtrisé, mais intensifié
Pour financer cet ajustement, l’État compte lever 1 190,7 milliards de FCFA sur le marché intérieur, un volume conséquent qui traduit à la fois l’urgence et la volonté de ne pas dépendre exclusivement de l’extérieur. Sur ce montant, 620 milliards seront consacrés à une gestion active de la dette, dans une démarche visant à prolonger les échéances et alléger la pression sur les finances publiques.
Fait notable, le gouvernement prévoit de prendre en charge, dès cette loi de finances rectificative, le service de la dette contractée en dehors du budget classique. Les intérêts dus aux banques, à hauteur de 125 milliards de FCFA, seront couverts, confirmant une volonté d’assainissement et de transparence budgétaire.
En somme, ce budget rectifié tente de trouver un équilibre entre l’impératif de relance, la consolidation des engagements de l’État et le souci de soutenabilité. Reste à savoir si les signaux envoyés suffiront à rassurer les partenaires économiques et sociaux, dans un contexte où la cohérence des décisions budgétaires sera scrutée de près.
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