Sénégal : Moustapha Diakhaté de nouveau convoqué par la DIC

1 gendarme sénégalais - Photo AFP

La scène politique sénégalaise est une fois encore secouée par la convocation de Moustapha Diakhaté, ancien ministre-conseiller et ancien membre influent de la mouvance présidentielle. Il a été sommé de se présenter devant la Division des Investigations Criminelles (DIC) ce mardi 10 juin 2025 à 10h, à la suite de propos qu’il a récemment tenus dans les médias. Cette nouvelle procédure intervient dans un climat tendu où la parole publique semble de plus en plus scrutée, surtout lorsqu’elle vient d’anciens hauts responsables ayant quitté le cercle du pouvoir.

Ce n’est pas la première fois que Diakhaté doit faire face aux enquêteurs. Il y a quelques semaines à peine, il avait déjà été entendu dans le cadre d’une affaire similaire, dénonçant alors ce qu’il considérait comme une stratégie de musellement des anciens cadres de l’État. Ce contexte confère à cette nouvelle convocation une portée politique manifeste, et soulève des interrogations sur les limites de la liberté d’expression dans l’espace public sénégalais.

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Un visage familier des débats nationaux sous pression

Moustapha Diakhaté n’est pas un acteur politique de l’ombre. Son parcours, marqué par des prises de position tranchées et une parole directe, en a fait l’un des personnages les plus médiatisés des dernières années. Figure longtemps centrale dans l’appareil d’État, il a su entretenir une voix critique après son départ du pouvoir, s’illustrant notamment par des sorties vigoureuses sur la gouvernance, la justice ou encore les institutions.

Ses interventions, loin de passer inaperçues, suscitent souvent des remous dans l’opinion. Pour ses partisans, elles traduisent une volonté de vérité et une fidélité à des principes républicains. Pour ses détracteurs, elles flirtent parfois avec la provocation, voire la désinformation. Cette polarisation rend chaque action le concernant hautement médiatisée, et chaque convocation judiciaire, potentiellement inflammable.

Liberté d’expression ou ligne rouge institutionnelle ?

L’affaire relance un débat ancien mais toujours sensible : jusqu’où peut aller la critique politique dans un État de droit ? À l’heure où les réseaux sociaux amplifient les voix discordantes et où les figures publiques expriment leurs opinions en dehors des canaux classiques, les institutions sont confrontées à un dilemme. Faut-il laisser libre cours à toutes les opinions, au risque de fragiliser la stabilité ? Ou faut-il poser des balises, au risque de restreindre la liberté d’expression ?

La convocation de Diakhaté intervient dans un moment où plusieurs voix critiques, issues du monde politique ou de la société civile, dénoncent un climat d’intimidation croissante. Si aucune charge n’est encore formulée officiellement, l’effet d’annonce suffit déjà à relancer les tensions. Cette situation illustre un paysage démocratique où la parole publique devient un champ de bataille, et où les institutions judiciaires sont perçues, à tort ou à raison, comme des instruments politiques.

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