Depuis l’entrée en vigueur d’un décret interdisant, pour trois ans, toute activité minière dans un rayon de 500 mètres autour des berges de la Falémé, les autorités sénégalaises multiplient les actions de terrain pour faire respecter cette décision. Dans la région de Kédougou, notamment dans les zones tampons à forte pression aurifère, l’armée, les forces de sécurité et les unités spéciales ont redoublé d’efforts pour démanteler les réseaux d’orpaillage clandestin. Ces opérations sont menées dans un contexte de tension entre protection des ressources naturelles et enjeux économiques locaux, souvent exploités par des circuits informels et transfrontaliers.
Des saisies record en quelques semaines
Rien que sur les mois d’avril, mai et juin 2025, les autorités ont procédé à la destruction de plus d’une vingtaine de sites illégaux dans les zones de Moussala, Bokodi, Tenkoto, Sabodala ou encore Alinguél-Goundafa. À titre d’exemple, cinq sites ont été démantelés à Moussala le 10 mai, avec la saisie de six motopompes, deux groupes électrogènes et près de trente panneaux solaires. La vallée de la Falémé a été particulièrement ciblée : six sites y ont été fermés le 30 mai, entraînant la confiscation de 14 motopompes et de plusieurs motos utilisées pour les transports illégaux. Le week-end du 17 au 19 mai a vu la mise hors service de sept autres sites à Tenkoto, Kanouméry et Fadougou, avec un matériel plus conséquent, dont 24 motopompes.
Plus récemment, en début de semaine de juin, deux nouveaux foyers clandestins ont été identifiés à Alinguél-Goundafa et à Bokodi. Ces localités, situées dans la même zone stratégique, sont connues pour être des points névralgiques du trafic. Les militaires y ont saisi des groupes électrogènes, des motopompes et divers outils utilisés dans l’extraction artisanale illégale de l’or.
Sécurité, environnement et souveraineté au cœur des opérations
Au-delà des enjeux sécuritaires, la lutte contre l’orpaillage clandestin vise aussi à freiner la dégradation écologique du bassin de la Falémé. Les activités illégales y provoquent un appauvrissement des sols, une pollution des eaux, et menacent les écosystèmes fluviaux. En instaurant une zone tampon interdite à toute exploitation minière, le gouvernement entend préserver un patrimoine stratégique pour l’agriculture, la pêche et la biodiversité.
Par ces opérations coup de poing, l’État sénégalais envoie également un signal fort sur la volonté de contrôler son territoire face aux réseaux informels parfois armés, et souvent organisés en dehors de toute règle fiscale ou environnementale. Ce bras de fer entre orpaillage sauvage et autorité républicaine met en lumière la complexité d’un secteur où cohabitent désespoir économique, enjeux transfrontaliers et impératif de souveraineté. La reconquête des zones minières illégales dans l’est du pays, loin d’être achevée, pose plus que jamais la question d’un modèle d’exploitation aurifère durable et équitable.
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