Le choc est brutal pour les amateurs de lutte sénégalaise. Le duel très attendu entre Siteu et Balla Gaye 2, annoncé pour juillet 2025, n’aura finalement pas lieu. Ce combat devait marquer un tournant dans la carrière du lutteur de Lansar, tant sur le plan sportif que symbolique. Pour ses supporters, il représentait la confirmation d’un passage de témoin entre générations. Mais la trajectoire de Siteu vient d’être brutalement interrompue par une décision sans appel : une suspension de deux ans pour refus de contrôle antidopage, prononcée par l’Organisation régionale antidopage (ORAD), et confirmée par le Comité national de gestion (CNG) de la lutte.
Deux années de silence imposé
Le 24 novembre 2024, alors qu’un agent de l’ONADS s’apprêtait à effectuer un contrôle, Siteu ne s’est pas soumis au prélèvement demandé. Un acte considéré comme une infraction en soi, équivalente à un test positif selon les règles en vigueur. L’affaire aurait pu en rester là, mais la sanction a été aggravée par la suspension parallèle de son manager, Max Mbargane, accusé d’avoir activement entravé le processus. Le CNG a ainsi appliqué l’article 2.9 du code antidopage, rendant les deux hommes inéligibles jusqu’au 23 novembre 2026. Une mesure d’une sévérité rare dans l’arène sénégalaise, qui relance le débat sur l’éthique dans un sport encore peu habitué à ces mécanismes de contrôle systématique.
La décision tombe comme un couperet au moment où Siteu s’apprêtait à franchir un nouveau palier. Son face-à-face avec Balla Gaye 2, star incontestée de la décennie passée, aurait pu l’installer définitivement parmi les grands. Le timing de cette suspension ne fait donc qu’alourdir son retentissement. Elle met un terme provisoire à une carrière construite sur la fulgurance, l’audace et la ferveur populaire.
Un style flamboyant, une ascension fulgurante
Né dans la banlieue dakaroise, à Diamaguène Sicap-Mbao, Siteu s’est imposé au fil des années comme l’un des visages les plus reconnaissables de la lutte sénégalaise. Plus qu’un simple lutteur, il a su forger un personnage : danses mystiques, tenues colorées, bakk provocateurs, et une scénographie parfaitement orchestrée à chacune de ses apparitions. Cette mise en scène assumée a très vite conquis les foules, notamment les jeunes issus des quartiers populaires.
Mais au-delà du spectacle, Siteu s’est bâti un palmarès sérieux. Il a battu des noms confirmés tels que Zoss, Papa Sow ou Tyson 2. Il a aussi connu des défaites marquantes contre Gouye Gui et Sa Thiès, qui l’ont contraint à repenser son approche. Ces revers n’ont pas entamé sa popularité. Au contraire, ils ont nourri son récit : celui d’un combattant spectaculaire, jamais lisse, souvent contesté, mais toujours attendu.
Une affaire qui dépasse l’arène
La suspension de Siteu ne touche pas seulement sa carrière individuelle. Elle ouvre une brèche dans un univers sportif encore peu confronté à des standards stricts de conformité. Jusqu’ici, la lutte sénégalaise avait rarement vu ses icônes inquiétés par des procédures disciplinaires aussi encadrées. Ce cas pourrait faire jurisprudence. Il envoie un signal clair : le refus de contrôle sera désormais puni comme une tricherie, sans égard pour la notoriété ou l’importance d’un combat.
La décision du CNG marque peut-être l’entrée de la lutte dans une nouvelle ère. Mais elle pose aussi une question plus large sur la préparation des athlètes à ces exigences. Si l’arène accepte désormais les codes du sport professionnel, elle devra aussi offrir un accompagnement adapté. Car derrière le spectacle, le public attend désormais de la régularité, de la justice, et des champions à la fois performants et responsables.
Pour Siteu, cette parenthèse imposée pourrait être l’occasion d’un recentrage, loin des projecteurs. Mais il devra convaincre, après deux années de silence, qu’il est encore capable de regagner sa place dans une discipline en pleine mutation. Et prouver que son retour ne sera pas qu’un retour sur scène, mais bien un retour au sommet.
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