La ville sainte de Touba s’est réveillée dans la stupeur ce mercredi 25 juin, peu après 4 heures du matin, lorsqu’un immeuble en construction s’est effondré dans le quartier de Darou Miname. Quatre étages se sont écroulés, engloutissant une maison voisine et causant la mort de trois personnes. Deux autres, grièvement blessées, ont été acheminées vers l’hôpital Matlaboul Fawzayni. Ce drame survient à peine un mois après une autre tragédie à Darou Khoudoss, le 25 mai dernier, où onze personnes avaient perdu la vie. Quinze morts en l’espace de trente jours : la série d’effondrements interroge la rigueur du suivi des chantiers dans la capitale mouride.
Appel à l’arrêt des chantiers, avec l’appui du Khalif
Face à la gravité de la situation, le gouverneur de la région de Diourbel s’est rendu sur les lieux pour exprimer sa solidarité aux familles éprouvées. Mais il a surtout annoncé des mesures fortes : l’arrêt immédiat des travaux sur tous les chantiers jugés non conformes grâce à la consultation du Khalif Général des Mourides. Dans une ville où l’autorité religieuse joue un rôle central dans la régulation sociale, l’appui du Khalif est perçu comme un levier décisif pour garantir l’obéissance aux décisions administratives. Ce dialogue entre l’État et les autorités confrériques pourrait permettre de suspendre sans heurts les constructions à risque, en attendant des inspections rigoureuses.
Une enquête pour faire la lumière, mais un système à réformer
Une enquête a été ouverte par le commissariat spécial de Touba sous la supervision du commandant Modou Tine. Les investigations devront établir les responsabilités : permis irréguliers, défaut de contrôle technique, usage de matériaux inadaptés… les pistes sont nombreuses. Toutefois, les faits répétés de ces dernières semaines soulignent des dysfonctionnements systémiques. À Touba, où l’urbanisation avance plus vite que les garde-fous institutionnels, la prolifération de chantiers non encadrés met en danger la population.
Le drame de Darou Miname, tout comme celui de Darou Khoudoss, pousse désormais les autorités à envisager une réforme en profondeur du cadre de la construction, en accordant davantage de pouvoirs de contrôle aux organes compétents et en imposant la responsabilité des promoteurs. Car chaque immeuble qui s’écroule rappelle brutalement que construire sans normes, c’est risquer de bâtir des tombeaux.
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