Sénégal : Une première bataille gagnée contre les oiseaux granivores

Photo Supplied/Pixabay

Dans la vallée du fleuve Sénégal, la saison de maturation du riz rime souvent avec vigilance extrême. En 2023, les pertes avaient atteint un niveau critique : près de 19 000 hectares de cultures détruits par des nuées d’oiseaux granivores, en particulier les quelea-quelea, ces petits prédateurs ailés qui arrivent par centaines de milliers et ne laissent derrière eux que des tiges nues. Leur passage transforme les espoirs d’une bonne récolte en une désolation quasi instantanée. Pour les exploitants agricoles de la région, ces attaques répétées sont vécues comme une guerre, chaque campagne devenant une opération de survie.

Cette année encore, le scénario semblait se répéter. Les oiseaux sont revenus avec la même régularité, guettant les champs à maturité. Mais cette fois, les agriculteurs, échaudés par les pertes passées, étaient mieux préparés. Parmi eux, Bassirou Fall, dont la vidéo dénonçant les premières attaques avait mobilisé l’opinion sur les réseaux sociaux, est devenu sans le vouloir une figure de cette résistance agricole. Son alerte a permis d’accélérer les réactions, notamment l’intervention coordonnée entre exploitants et services techniques de l’État.

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Un travail conjoint entre terrain et institutions

Face à cette menace aérienne, la riposte s’est voulue rapide et ciblée. Des zones de forte concentration des oiseaux ont été localisées et traitées, réduisant progressivement leur impact sur les parcelles les plus vulnérables. Cette fois la mobilisation a précédé la catastrophe. Les agriculteurs ne se sont pas contentés de subir : appuyés par des services compétents, ils ont mis en place des moyens de surveillance renforcés et des actions d’effarouchement localisées.

Bassirou Fall, dans une seconde vidéo publiée peu après la Tabaski, a tenu à saluer l’élan de solidarité qui a suivi sa première alerte. Il y évoque une “victoire collective” contre un ennemi invisible mais redouté. Ce retour sur expérience, aussi simple soit-il, marque une étape importante dans la prise en main par les producteurs eux-mêmes de la sécurité de leurs cultures. Si toutes les parcelles n’ont pas été épargnées, l’ampleur des dégâts semble contenue cette année, et cela change tout pour les familles qui vivent de ces récoltes.

Une lutte saisonnière à inscrire dans la durée

Même si la situation semble sous contrôle pour l’instant, la menace n’a pas disparu. Les oiseaux granivores ne connaissent ni frontières ni années sabbatiques. Leur comportement suit des logiques migratoires, et la vallée reste un point de passage stratégique pour eux. Ce succès partiel ouvre toutefois la voie à une nouvelle méthode d’approche : impliquer les producteurs, renforcer les capacités locales et instaurer une veille communautaire constante.

Les événements de ces dernières semaines montrent que l’action collective peut inverser des tendances jugées inéluctables. La vigilance reste de mise, mais la confiance renaît parmi les cultivateurs. Cette première bataille gagnée contre les oiseaux pourrait bien inspirer d’autres zones rurales du pays confrontées aux mêmes défis. Pour les producteurs de la vallée, la saison n’est pas terminée, mais le sentiment de n’être ni seuls ni impuissants change déjà le regard porté sur l’avenir.

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