Automobile au Maghreb: les marques chinoises montent en puissance sur ce marché

Intérieur d'une voiture chinoise BYD (DR)

Le marché automobile est depuis longtemps un baromètre des économies modernes. Symbole de mobilité, de technologie et de pouvoir d’achat, il reflète à la fois les tendances industrielles et les mutations sociales. Au Maroc, ce secteur connaît une accélération spectaculaire, portée non seulement par une reprise généralisée des ventes, mais surtout par une montée en puissance des marques chinoises. Ce phénomène, qui semblait encore marginal il y a quelques années, commence désormais à redessiner les équilibres d’un marché longtemps dominé par les constructeurs européens et japonais.

Une croissance impressionnante, mais pas uniforme

Au premier semestre 2025, le Maroc a vu s’immatriculer plus de 112 000 véhicules neufs, soit une progression de plus de 36 % par rapport à la même période l’an dernier. Derrière ce chiffre, se cache une dynamique contrastée. Les véhicules particuliers continuent de représenter l’épine dorsale du marché avec près de 99 300 unités écoulées, en hausse de plus de 34 %. Mais ce sont les véhicules utilitaires légers, souvent destinés aux professionnels et aux petites entreprises, qui enregistrent la progression la plus spectaculaire : +54 %, preuve d’un regain d’activité économique et logistique sur l’ensemble du territoire.

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Cette vitalité trouve une illustration frappante dans les chiffres du mois de juin, où plus de 23 000 véhicules ont été vendus. Un pic qui confirme l’ancrage d’une reprise solide, mais qui interroge aussi sur les moteurs réels de cette croissance. Car au-delà des volumes globaux, c’est la nature de cette croissance qui intrigue : une recomposition silencieuse du paysage automobile national est en cours.

L’offensive chinoise : de l’anecdote à la stratégie

Jusqu’à récemment, les marques chinoises occupaient une place secondaire sur le marché marocain, souvent perçues comme des alternatives bon marché, aux performances incertaines. Mais en 2025, la donne change radicalement. BYD, Geely, Changan : ces noms deviennent familiers et affichent des croissances à trois chiffres, voire à quatre. La percée de BYD, passée de 11 véhicules vendus en juin 2024 à 412 en juin 2025, incarne cette transformation fulgurante. Ce n’est pas une simple embellie : c’est un changement de paradigme.

Les constructeurs chinois misent sur les motorisations électrifiées, l’innovation technologique embarquée et des rapports qualité-prix très compétitifs. Une stratégie redoutablement efficace dans un pays comme le Maroc, où l’électromobilité est encore en phase de décollage mais bénéficie d’un soutien croissant des pouvoirs publics et des entreprises. En captant une clientèle avide de modernité accessible, ces marques grignotent progressivement les parts de marché de constructeurs historiques.

Un tournant pour l’industrie et la consommation

Cette montée en puissance chinoise n’est pas sans conséquences. D’un côté, elle stimule la concurrence, pousse les acteurs établis à revoir leurs offres et ouvre la voie à une diversification technologique. De l’autre, elle pose la question de la dépendance industrielle et de l’évolution des préférences des consommateurs marocains. Que privilégieront-ils demain : l’image de marque, la performance technique ou l’intelligence embarquée ? Les chiffres de ce premier semestre laissent penser que le vent tourne en faveur de la dernière option.

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