Aviation au Maghreb : du changement dans l'air

L’Algérie adopte une stratégie de diversification économique ambitieuse pour diminuer sa dépendance aux hydrocarbures. Le pays tire parti de ses ressources gazières naturelles, notamment à travers ses exportations vers l’Europe, principalement vers l’Italie et l’Espagne. En parallèle, le développement du tourisme et du transport aérien constitue une priorité dans cette transformation économique.

Pour réussir cette transition, l’Algérie doit s’appuyer sur des compagnies aériennes performantes et compétitives. Le secteur du transport aérien est un élément clé de cette chaîne de développement, nécessitant des acteurs capables de soutenir les ambitions économiques nationales.

Une transformation en trompe-l’œil

La création de « Domestic Airlines » le 3 juillet dernier illustre parfaitement les contradictions de cette politique de modernisation. Cette nouvelle entité, présentée par Hamza Benhamouda comme une révolution du transport intérieur, cache en réalité une simple opération de restructuration. La disparition de Tassili Airlines, effective depuis le 19 juin, a permis le transfert de l’ensemble de ses actifs vers cette nouvelle structure.

Cette manœuvre administrative concentre désormais l’intégralité du transport aérien public entre les mains d’Air Algérie. La flotte combinée de 28 appareils, incluant les 12 avions de l’ancienne Tassili Airlines et 16 ATR domestiques, témoigne de cette centralisation.

Les risques d’une concentration excessive

Cette restructuration élimine de facto la dernière forme de concurrence publique sur le marché domestique algérien. Bien que Tassili Airlines demeurât une filiale de Sonatrach, elle maintenait une autonomie opérationnelle significative, particulièrement sur les liaisons internationales où elle proposait parfois des alternatives tarifaires intéressantes. Cette dynamique concurrentielle, même limitée, disparaît avec la création de Domestic Airlines.

L’absence de rival institutionnel prive aussi le secteur aérien algérien d’une émulation bénéfique pour les usagers. Cette situation risque de freiner l’innovation et de réduire la pression sur l’amélioration des services. Pour un pays qui ambitionne de développer son secteur aérien, cette concentration excessive pourrait représenter un défi majeur.

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