Depuis toujours, la question du coût de l’immigration attise les tensions politiques et idéologiques en France. Présentée tour à tour comme une charge ou comme un atout, elle cristallise des oppositions profondes qui resurgissent régulièrement, notamment dans les débats budgétaires. Mais lorsqu’il s’agit de répondre à une urgence financière de l’ampleur des 44 milliards d’euros d’économies recherchées pour l’année à venir, cette question glisse souvent en marge des arbitrages concrets. L’ancien ministre Éric Woerth a proposé une lecture inattendue du « vrai » poids de l’immigration sur les finances publiques, mercredi 17 juillet 2025 sur Europe 1.
Une contribution moins déficitaire qu’on ne l’imagine
À rebours des discours dramatisants, Éric Woerth défend une approche fondée sur les données économiques disponibles. Selon lui, les chiffres fournis par des institutions comme l’OCDE permettent de relativiser l’idée selon laquelle l’immigration représenterait un gouffre budgétaire. Pour chaque euro investi dans les politiques migratoires, l’État récupèrerait près de 88 centimes en retour via les impôts, les cotisations sociales ou la consommation. Le solde, bien qu’en léger déséquilibre, s’apparenterait donc à un coût modéré, bien loin des représentations excessives parfois relayées dans le débat public.
Woerth ne cherche pas à valoriser ou à diaboliser ce phénomène. Il rappelle simplement que son impact budgétaire reste limité et ne peut, en aucun cas, constituer une solution à la crise des finances publiques. Autrement dit, les efforts budgétaires nécessaires ne sauraient reposer sur une réduction massive de l’immigration, car celle-ci ne génère pas une charge suffisamment significative pour produire un levier d’économie crédible.
Un silence politique assumé
Alors que François Bayrou, Premier ministre, tenait une conférence de presse fleuve le mardi 16 juillet 2025 pour présenter les grandes lignes du plan d’économies de 44 milliards d’euros, aucun mot n’a été prononcé sur l’immigration. Un détail que Woerth ne considère ni comme une omission ni comme une maladresse. Il estime au contraire qu’il s’agit d’une position assumée : évoquer l’immigration dans cette situation n’aurait ni portée législative ni utilité financière. Les équilibres parlementaires, souligne-t-il, ne permettent pas d’imaginer aujourd’hui une réforme d’envergure sur le sujet.
Mais surtout, la focale budgétaire impose de hiérarchiser les leviers : et selon Woerth, l’immigration ne figure pas parmi les éléments qui déséquilibrent structurellement les comptes publics. D’où cette mise à distance du sujet dans les annonces officielles. Une forme de pragmatisme, en somme, qui consiste à concentrer l’attention sur les postes de dépenses réellement transformables.
Une ligne de rupture dans le paysage politique
Ce positionnement d’Éric Woerth contraste avec la tendance majoritaire à droite, où l’immigration est souvent perçue comme une charge lourde, voire un facteur de déstabilisation économique. En adoptant une posture plus technicienne, presque comptable, il cherche à désamorcer les récits idéologiques pour revenir à une logique de chiffres. Le « vrai coût« , pour lui, ne se mesure ni à l’émotion ni aux perceptions, mais aux bilans concrets de l’administration et aux retours sur dépenses publiques.
Dans un pays où les finances publiques sont sous tension, et où chaque ligne budgétaire devient un champ de bataille, cette approche pourrait bousculer certains réflexes. Elle invite à regarder l’immigration non comme un problème à résoudre, mais comme une donnée à intégrer dans une gestion rationnelle. Et surtout, à cesser de l’utiliser comme prétexte dans des débats où elle pèse peu, au fond, sur l’équilibre global des comptes.




Pourquoi y a la fot de bayrou ?