Au bout du monde ou à quelques kilomètres de chez soi, les plages ont toujours fasciné. Elles évoquent l’immensité de l’horizon, le roulis régulier des vagues, l’odeur iodée qui se mêle aux cris des mouettes. Chaque été, ces étendues de sable se transforment en théâtres d’émotions : jeux d’enfants, retrouvailles familiales, farniente de vacanciers venus chercher un souffle de liberté. Cet engouement universel pousse de nombreux États à repenser la gestion de leurs littoraux pour concilier accès public, préservation écologique et dynamisme touristique. C’est justement le défi que l’Algérie s’apprête à relever avec une refonte complète des règles d’exploitation de ses plages.
Des rivages très convoités, un équilibre à instaurer
Mercredi dernier, devant le Conseil de la Nation, la ministre algérienne du Tourisme et de l’Artisanat, Horia Meddah, a levé le voile sur un projet de loi repensant de fond en comble la façon dont les rivages seront aménagés et exploités. L’idée maîtresse : élever la qualité des services sans céder un pouce du caractère public des plages. Pour y parvenir, le texte introduit une série de garde‑fous inédits. Désormais, seules les entreprises disposant d’une solide expérience en gestion touristique pourront prétendre à une concession balnéaire. Autrement dit, la simple volonté de louer des parasols ne suffira plus ; il faudra prouver sa capacité à gérer un site fréquenté en haute saison, à respecter des normes environnementales strictes et à garantir la sécurité des baigneurs.
Des concessions sous conditions et procédures allégées
L’un des principaux points du projet consiste à simplifier l’attribution des concessions. Les procédures, souvent critiquées pour leur longueur, seront raccourcies afin de réduire le temps entre la demande et l’installation effective des services. Cette rapidité devra toutefois rimer avec exigence. Les autorités entendent mettre fin aux situations où des espaces entiers de littoral restaient sous‑exploités par manque de rigueur administrative ou, à l’inverse, où une plage se retrouvait saturée de structures mal tenues. Dans le même esprit, chaque plage habilitée à la baignade devra dorénavant disposer d’un plan d’aménagement complet : répartition précise des zones gratuites et des secteurs concédés, organisation des activités récréatives, emplacements réservés aux personnes à mobilité réduite et circuits de secours clairement balisés.
Vers un littoral plus inclusif et mieux planifié
Au‑delà de la seule saison touristique, ces mesures ambitionnent de remodeler la relation qu’entretiennent les habitants avec leur façade maritime. Imaginez un littoral où les activités commerciales — restaurants éphémères, écoles de surf, événements culturels — cohabitent harmonieusement avec des espaces de détente librement accessibles. Le projet algérien veut rendre possible ce scénario en imposant une planification plus fine et en distinguant nettement ce qui relève du service payant et ce qui doit demeurer gratuit. Les associations de défense des personnes handicapées y voient déjà une avancée, puisque l’accessibilité devient une obligation et non plus une simple recommandation. Par ailleurs, la clarté offerte par les nouveaux schémas d’implantation devrait limiter les conflits d’usage et encourager les investisseurs sérieux à se lancer, rassurés par des règles du jeu transparentes.
En redéfinissant les codes de l’exploitation balnéaire, l’Algérie tente de transformer ses plages en vitrines de son savoir‑faire touristique tout en préservant leur vocation sociale. Reste à voir comment cette ambition se traduira sur le terrain : la saison estivale fera figure de premier test grandeur nature, entre attentes des vacanciers, exigences des opérateurs et vigilance des riverains. Si l’expérience s’avère concluante, elle pourrait bien inspirer d’autres pays du Maghreb soucieux de faire rimer littoral, inclusion et développement économique.
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