Sénégal : Après les manifestations, Thiaroye-sur-Mer a t-elle été entendue ?

Le 23 juin, les rues de Thiaroye-sur-Mer ont de nouveau résonné sous les cris d’exaspération et les crépitements des pneus en feu. Ce quartier côtier, souvent relégué aux marges des grands projets urbains, a vu sa population sortir massivement manifester un sentiment de relégation tenace. Alors que les communes voisines bénéficient de chantiers visibles et financés, Thiaroye-sur-Mer semble figé dans l’attente.

L’impression de regarder passer le train du progrès sans y monter s’est transformée en rage. Pour les habitants, la répétition de cette mise à l’écart s’apparente à une politique de l’oubli : on assainit ailleurs, on restructure ailleurs, on investit ailleurs.

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Un projet environnemental sans visage social

Ce ressentiment s’est accentué lorsque l’Office National de l’Assainissement du Sénégal a tenu à préciser que le projet de dépollution de la baie de Hann, bien que d’une envergure de 117 milliards FCFA, ne comprend aucune action directe de réaménagement pour Thiaroye-sur-Mer. Le chantier vise la réduction des rejets marins, l’amélioration de la qualité des eaux et la mise en place d’infrastructures techniques. Mais pour les résidents des abords du littoral, ce langage d’ingénieurs sonne creux face à l’urgence de leurs conditions de vie : logement précaire, inondations chroniques, insalubrité rampante.

Ils ne réclament pas des tuyaux ou des stations de pompage, mais un cadre de vie digne, des rues carrossables, un plan clair de restructuration. Le sentiment d’injustice devient d’autant plus aigu que ces besoins sont traités dans d’autres communes avec une célérité visible.

Une réunion d’urgence qui relance les attentes

Face à la gravité de la situation, une réunion multisectorielle s’est tenue le 2 juillet à la Primature. Classée « très urgente », elle a réuni les ministères clés autour d’un objectif : définir une réponse cohérente à la crise urbaine de Thiaroye-sur-Mer.

Si cette rencontre marque une reconnaissance politique de la légitimité des doléances, elle reste entourée d’interrogations. Quelles mesures concrètes seront prises ? Les représentants techniques appelés à participer disposent-ils d’un mandat clair pour engager des solutions ?

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La population, déjà échaudée par des années de promesses floues, scrutera avec méfiance chaque déclaration. Car pour les habitants, l’urgence n’est pas administrative : elle est vécue au quotidien, dans l’eau stagnante, les murs fissurés et les voix étouffées par la poussière des grands travaux qui ne les concernent pas.

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