Sénégal : Diomaye attendu à Washington sur fond de crispations

Quelques semaines après le refus de visas infligé à l’équipe nationale féminine de basketball, censée participer à un stage aux États-Unis, le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye s’apprête à se rendre à Washington pour prendre part au sommet États-Unis–Afrique prévu du 9 au 11 juillet. L’épisode des Lionnes, vécue comme un revers par une partie de l’opinion, avait ravivé des interrogations sur l’état des relations entre les deux pays, d’autant que l’administration Trump avait parallèlement ouvert une phase d’examen de 60 jours sur le statut migratoire du Sénégal. Ce contexte pesant n’empêche pourtant pas une volonté affirmée de renouer les fils d’un partenariat plus équilibré et mutuellement avantageux.

Des enjeux commerciaux en toile de fond

Ce sommet ne sera pas une grand-messe diplomatique classique. Sous la houlette de Donald Trump, revenu à la tête des États-Unis, les priorités ont changé. L’aide publique au développement laisse la place à des négociations directes, portées par le secteur privé américain, avec des États africains perçus comme des relais économiques prometteurs. Le Sénégal, fort de sa stabilité politique récente et de ses ambitions industrielles, espère tirer son épingle du jeu. Pour Bassirou Diomaye Faye, cette rencontre offre l’opportunité de défendre une vision souveraine du développement, articulée autour de l’investissement productif, de la transformation locale des matières premières et d’une répartition plus équitable des profits générés. Des secteurs comme l’agro-industrie, l’énergie solaire, les infrastructures numériques et les technologies éducatives figurent déjà parmi les axes de discussion envisagés par la délégation sénégalaise.

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Un pari diplomatique risqué mais assumé

La participation de Diomaye à ce sommet est tout sauf anodine. Dans un climat où les opinions publiques africaines scrutent de plus en plus les rapports Nord-Sud, tout déplacement auprès d’un dirigeant aussi clivant que Donald Trump est porteur d’ambiguïtés. Mais le président sénégalais, fraîchement élu, entend redéfinir la position du pays dans les arènes internationales. Il ne s’agit plus seulement de répondre à une invitation protocolaire, mais d’insuffler une nouvelle dynamique dans la relation bilatérale avec Washington, en assumant un discours clair sur la souveraineté, l’accès aux marchés et la mobilité humaine. Les récents obstacles liés aux visas ne seront pas éludés, mais utilisés comme levier pour exiger plus de respect et de cohérence dans les politiques américaines vis-à-vis du continent africain.

En se rendant à Washington malgré les tensions, Diomaye Faye prend le risque de l’inconfort diplomatique, mais il s’agit d’un pari calculé. S’il parvient à transformer ce sommet en levier de négociation concret pour le Sénégal, tant sur le plan économique que symbolique, il pourrait imposer un style nouveau dans la diplomatie présidentielle sénégalaise.

Une réponse

  1. Avatar de Tchité
    Tchité

    L’erreur monumentale des Africains, c’est d’aller voir ces gens-là en rangs dispersés, il faut il aller en tant qu’un seul bloc, comme les pays d’Asie du Sud-Est. On a tous vu en mondio-vision comment Ramaphosa a lamentablement échoué.

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