Le 27 juin, le journaliste Bachir Fofana a été placé sous mandat de dépôt après deux jours de garde à vue. Cette décision, qui intervient dans un climat de crispation autour de la liberté de la presse, a relancé les débats sur les limites de la critique publique face aux institutions. Selon plusieurs observateurs, son arrestation est intervenue à la suite d’un commentaire polémique sur un marché public relatif à la gestion de l’Assemblée nationale. Dans son intervention, Fofana avait évoqué, de manière jugée péremptoire, l’attribution d’un marché à un homme d’affaires soupçonné de pratiques douteuses. Une allégation qui a suscité une réaction judiciaire immédiate.
Le ton employé par le journaliste, qualifié de moqueur et accusateur, a été interprété par le Président de l’Assemblée comme une tentative délibérée de décrédibiliser à la fois le Parlement et la justice. Si le droit de questionner l’action publique reste fondamental, ce cas met en lumière la frontière parfois floue entre liberté d’expression, investigation rigoureuse et propagation de soupçons infondés.
La position défensive d’El Malick Ndiaye
Interrogé sur la chaîne publique RTS, le président de l’Assemblée nationale, El Malick Ndiaye, a exprimé sa version des faits. Il affirme avoir porté plainte, non par volonté de punir, mais par exigence de clarté et de protection de l’institution qu’il dirige. Il explique que le parquet s’est saisi de l’affaire de manière autonome, soulignant que ce n’est pas lui qui a demandé la détention du journaliste. Son intervention visait à rappeler que les accusations portées portaient atteinte non seulement à son honneur personnel, mais aussi à celui de la justice sénégalaise, régulièrement mise en cause dans le débat public.
Pour El Malick Ndiaye, il est essentiel que les citoyens puissent formuler des critiques, mais encore faut-il, dit-il, que ces critiques reposent sur des faits vérifiables. Il a dénoncé une forme d’irresponsabilité médiatique, estimant que les propos de Bachir Fofana ont semé le doute dans l’opinion publique sur un dossier qui, selon lui, ne souffre d’aucune irrégularité. Il a aussi tenu à préciser qu’il ne souhaite pas la prison pour le journaliste, laissant entendre que la décision finale revient à la justice seule.
Liberté de presse, responsabilité et confiance publique
Ce nouvel épisode soulève une question de fond : comment protéger l’espace critique sans faire de l’intimidation judiciaire une arme contre les voix dissonantes ? D’un côté, les institutions exigent du respect et une information juste. De l’autre, les citoyens attendent que les journalistes puissent travailler sans craindre d’être poursuivis pour leurs opinions ou analyses. Le cas de Bachir Fofana relance ce dilemme, à l’heure où les tensions entre pouvoir politique et médias se manifestent de manière plus visible.
La suite de la procédure judiciaire sera observée avec attention. Elle pourrait devenir un précédent important sur la place accordée aux journalistes dans le débat démocratique. L’affaire pourrait aussi nourrir des propositions de réforme autour de la législation sur la diffamation, souvent utilisée pour freiner certaines investigations. Dans tous les cas, cette affaire rappelle que la confiance dans les institutions, la transparence des processus publics et la rigueur journalistique sont indissociables dans une démocratie apaisée.
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