Sénégal : La campagne agricole secouée par une affaire administrative

Photo Supplied/Pixabay

Le Syndicat National des Techniciens et Travailleurs de l’Agriculture du Sénégal (SYNTTAS) a relancé, ce jeudi 3 juillet, un mot d’ordre de grève de 24 heures à l’échelle nationale, en soutien à l’un de ses membres, Aliou Guèye. Cette décision fait suite à une première mobilisation observée une semaine plus tôt, le 27 juin, au cours de laquelle les agents avaient déjà interrompu leurs activités pour protester contre le retrait jugé injustifié de leur collègue des opérations de distribution d’intrants agricoles à Médina Sabak.

Selon les responsables syndicaux, ce retrait, exigé par le sous-préfet puis validé par le préfet du département de Nioro, constitue une atteinte à l’intégrité professionnelle d’un technicien reconnu sur le terrain. Le SYNTTAS ne se limite pas à une protestation symbolique : ses membres ont également décidé de suspendre leur participation à toutes les commissions locales de réception et de distribution, mettant en péril le bon déroulement de la campagne agricole en cours.

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Intrants bloqués, campagne perturbée

En pleine période critique pour les semis et les premières plantations, l’absence de techniciens qualifiés dans le dispositif de distribution des engrais et semences met sous tension les circuits agricoles. Dans plusieurs départements, des agriculteurs ont signalé des retards dans la livraison des intrants, ce qui pourrait compromettre le rendement des cultures précoces. Le boycott des commissions par les agents du SYNTTAS n’est pas anodin : ces commissions jouent un rôle essentiel dans la supervision, la traçabilité et la transparence des opérations. Leur retrait du processus ouvre la porte à des irrégularités, tout en ralentissant une mécanique logistique déjà fragile. Cette situation révèle aussi l’interdépendance entre administration locale et techniciens de terrain, souvent laissés en marge des décisions politiques mais sans qui aucune politique agricole ne peut réellement se concrétiser.

Une crise révélatrice de tensions anciennes

Au-delà du cas individuel d’Aliou Guèye, ce mouvement met en lumière un malaise plus profond dans les rapports entre les corps techniques du ministère de l’Agriculture et les autorités administratives déconcentrées. Le fait qu’un agent soit évincé d’un dispositif opérationnel sans consultation de sa hiérarchie directe a été perçu comme un signal d’alarme par le SYNTTAS, qui y voit une dérive autoritaire et un manque de respect envers les compétences techniques.

Cette fracture institutionnelle n’est pas nouvelle, mais rarement elle n’avait été aussi visible. Le bras de fer engagé pourrait s’étendre si aucune solution n’est trouvée rapidement, car les techniciens entendent défendre non seulement leur collègue mais aussi leur légitimité professionnelle. Le gouvernement, quant à lui, se retrouve face à un dilemme : maintenir l’ordre administratif ou restaurer la confiance avec des agents indispensables à la réussite des politiques agricoles.

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